Afin de fêter le centenaire de la rencontre du couple Picasso, le musée Picasso Paris organise actuellement une exposition. Celle-ci retrace toute la période « Olga Picasso » du peintre. Née dans l’empire russe en 1891, Olga Khokhlova est une jolie danseuse de ballet. Elle devient la femme de Pablo Picasso en 1918 et marquera à jamais l’oeuvre de son mari. Modèle privilégié, véritable muse, femme tourmentée… L’exposition dépeint un nouveau portrait d’Olga Picasso.
La visite commence avec des portraits d’Olga qui témoignent de son état d’esprit lorsque son mari la rencontre. Nous faisons face à une femme mélancolique, triste, enfermée dans ses pensées. Elle est souvent représentée la tête baissée et elle n’esquisse aucun sourire. Elle semble toujours perdue dans un livre ou en train d’écrire. Cela s’explique par le contexte historique puisque quand Olga Khlokhlova quitte son pays, celui-ci est en pleine révolution et une guerre civile fait rage. Elle perd tout contact avec sa famille et lorsque celui-ci reprend, sa mère lui annonce que son père et ses frères (colonel et officiers) rejoignent les forces anti-révolutionnaires. Pablo Picasso capte cette inquiétude omniprésente chez sa femme qui se sent impuissante face au drame qui se déroule dans son foyer. Son regard est inexpressif, lointain… Le peintre s’inspire de la détresse de sa femme et l’immortalise à jamais.
Il existe aussi très certainement une culpabilité de la part d’Olga puisque lorsque la guerre civile fait rage dans l’empire Russe et qu’elle affecte de manière considérable sa famille, de l’autre côté à Paris, l’oeuvre de son mari connait une forte reconnaissance. Le couple connait alors une ascension sociale qui leur fait rencontrer le plus beau monde de la capitale française et qui leur fait accéder aux plus belles soirées mondaines de l’époque. Mais dans un coin de sa tête, Olga pense toujours à son père porté disparu et aux membres de sa famille coincés dans son pays natale qui subissent une grave crise économique et alimentaire.
Malgré tous ces malheurs, Olga reprend un peu goût à la vie grâce à la naissance de son fils Paul en 1921. Il devient l’objet de toute son intention. Cela crée un nouveau sujet de prédilection pour Pablo Picasso : la maternité. Sur ses toiles, il met en scène Olga avec son fils, une douceur se dégage des toiles certainement grâce à l’omniprésence des courbes. La naissance de Paul a amené avec lui un retour au calme et à la sérénité. Picasso est très fier de son fils. Il adore le peindre lorsque celui-ci dessine paisiblement, cela faisant certainement écho à sa propre enfance. Les époux sont plus soudés que jamais. Ils envoient très régulièrement de l’argent à la famille d’Olga pour les soutenir et continuent à correspondre avec elle par courrier pour garder le lien.
Le couple se dégrade considérablement lors de leur voyage à Monte Carlo. Picasso enchaîne les portraits de danseur, ce qui ne fait que de rappeler à Olga son rêve inachevé. En effet, suite à une blessure, elle a du arrêter sa carrière de danseuse. En plus de cela, Picasso entretient une liaison avec une jeune femme de seulement 17 ans, ce qui rend Olga encore plus amère qu’ordinaire. Marie-Thérèse Walter devient même la muse de Picasso puisqu’elle l’inspire pour toute une série de « Baigneuses ». Elle semple beaucoup plus fraîche, plus amusante et plus sensuelle qu’Olga aux yeux de l’artiste. Les époux se séparent en 1935 mais restent mariés jusqu’à la mort d’Olga en 1955.
Olga Picasso hantera jusqu’au bout l’oeuvre de son mari. Son visage se transforme, il est déformé, plus menaçant, agressif et reflète la manière dont le couple s’est détruit. Son ombre est toujours là, coincée dans son atelier. De plus, le peintre utilise des thèmes violents comme la corrida pour évoquer sa vie personnelle. Il utilise ces thèmes comme des métaphores faisant référence à la relation conflictuelle qu’il entretenait avec sa femme.
Cette exposition retrace donc la vie de ce couple et plus particulièrement les pensées si tourmentées d’Olga Picasso. Elle s’est retrouvée coincée entre deux univers si différents au point d’y ressentir une forte culpabilité et une impuissance évidente. D’un côté sa vie de bohème auprès de son célèbre mari et de l’autre l’image de sa famille tourmentée dans un pays en pleine guerre civile. Seul son fils Paul réussi à la ramener quelque temps à la vie. Elle est sans doute la personne qui aura le plus marquer l’oeuvre de Pablo Picasso puisque jamais il ne l’oubliera…
« Nous soussignés Olga Khokhlova et Pablo Picasso de vivre jusqu’à la mort en paix et amour. Celui qui cassera ce contrat sera condamné à mort. »
Serment d’amour d’Olga et Pablo Picasso, le 4 mars 1918.
❤
Merci beaucoup pour cette découverte, cela m’a vraiment donné envie d’aller voir l’exposition 🙂
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Avec plaisir Sylvie ! 😊
Il y a tellement de belles choses à voir au MuséePicasso ❤️
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