Un OVNI appelé Grayson Perry installé à la Monnaie de Paris

A l’heure où la question du genre se retrouve au centre de nombreux débats sociétales certains décident de prendre parti et de donner la parole à des artistes concernés par le sujet. C’est le cas par exemple de la Monnaie de Paris, qui depuis 2017 soutient et accueille ces artistes. J’avais déjà adoré l’exposition « Women House » qui abordait le thème des femmes et de leur statut dans la société alors quand j’ai découvert l’exposition « Vanité, Sexualité, Identité » consacrée à Grayson Perry, un artiste haut en couleur, je me devais d’y aller !

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Grayson Perry est un artiste britannique né en 1960 dans une famille ouvrière. Déjà très jeune il se différencie de ses camarades puisque à seulement 12 ans il commence à s’habiller en femme. Très vite il va oser sortir et s’assumer tel qu’il est. En 1979, il rentre à l’école d’art de Portsmouth. Perry est un artiste qui se différencie aussi de par son art. Il commence par travailler avec de la céramique, outil souvent délaissé par les artistes contemporains. A partir de là, tout un univers se crée autour de lui. Il se travesti régulièrement et laisse place à son alter-ego Claire, il crée des vases classiques avec une iconographie volontairement provocatrice et se met plus tard à la tapisserie.

Les « différences » de Grayson Perry ont sans doute été sa force. En étant parfois provocant, il a pu aborder plusieurs sujets comme celle du genre et de la pression sociale. Il prouve que les différences ne sont pas des freins, mais qu’au contraire elles peuvent inspirer. Le concernant, son goût pour les vêtements de femmes ne l’aura pas empêché de se marier avec une femme et d’avoir un enfant.

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« Il a été convenu que les femmes feraient semblant d’être faibles et timides et que les hommes feindraient d’être forts et courageux » – Alphonse Karr

A travers différents thèmes, l’exposition nous invitent à nous questionner ! Qu’est-ce que la normalité ? C’est quoi « être normal » ? Ne serait-ce pas la société qui aurait décidé de ce qui l’était ou pas ? En vrai, tout aurait pu être différent !

Grayson Perry nous invite donc à garder l’esprit ouvert et à faire attention aux mots que l’on emploi, le mot « normal » pouvant être parfois plus qu’insultant. L’artiste flirte avec la  frontière qui existe entre masculinité et féminité. Pourquoi serait-il obligé de choisir ? Dans cette salle, on peut voir la garde robe très colorée et volontairement kitsch de Claire, son alter-ego. L’artiste nous invite à rentrer dans son univers, un endroit où les normes n’existent pas, où l’on nous donne le choix, où l’on peut être qui l’on souhaite. Il suffit juste de laisser nos préjugés à l’entrée ! 😉

La notion de genre est tellement actuelle. C’est la société qui a choisi ce qui était féminin et ce qui était masculin alors qu’en réalité tout peut se confondre…

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J’aime tellement ces photographies de Claire ! Encore une fois l’artiste joue avec l’ambivalence. On le voit poser avec un avion qui symboliquement se rapproche plus des hommes ou encore armé d’une mitraillette et donc faisant référence à la guerre. L’art est tellement un bon moyen pour dénoncer toute sorte d’abus comme la pression faite aux femmes mais aussi (et on a tendance à beaucoup l’oublier) faite aux hommes.

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« Hommes, asseyez-vous pour défendre vos droits ! 

Le droit d’être vulnérable, le droit d’être faible, le droit de se tromper, le droit d’être intuitif, le droit de ne pas savoir, le droit de ne pas être sûr, le droit d’être flexible, le droit de n’avoir honte de rien de tout cela. » – Grayson Perry

Grayson Perry aborde dans ses œuvres une masculinité sous pression. La société pousse les hommes à être forts, à se battre, à faire la guerre… C’est une virilité plus que toxique et qui date d’un ancien temps. Ils sont en souffrance et perdent toute confiance en eux. L’artiste invite alors ces hommes à baisser la garde, à parler de leurs sentiments et à mettre des mots sur leurs maux. Il explique qu’il n’y a rien de dégradant ou de rabaissant à ne pas se sentir à la hauteur et qu’il est normal de se sentir fragile parfois. Perry tente donc de déculpabiliser ces hommes.

L’artiste joue le jeu à fond et se livre aussi entant qu’homme. Il nous raconte qu’il a vécu avec un beau-père violent et que plutôt que de suivre cette voie là, il a décidé de se créer un tout autre modèle masculin : Alan. Alan est son ours en peluche ! Il lui a paré de toutes les qualités possibles et plus particulièrement celle de l’écoute. Il a laissé la violence loin derrière lui. On retrouve d’ailleurs ce fameux Alan un peu partout dans l’oeuvre de Grayson Perry.

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Comme je le disais plus haut, Grayson Perry a commencé par travailler la céramique. Il a créé plusieurs vases sur lesquelles on peut retrouver différentes iconographies. Certaines par exemple abordent des sujets très actuels comme le Brexit et tous les changements politiques qui se passent en ce moment même en Angleterre. Parfois les thèmes sont beaucoup plus osés puisqu’il montre des scènes de sexe, des organes génitaux… Au départ c’était juste pour choquer puis au bout du compte c’est devenu une manière de dénoncer une virilité fausse et mal interprétée. Il tente donc de délivrer des messages à travers ses créations.

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En plus de la céramique, Grayson Perry s’est intéressé à la tapisserie. Celles-ci sont clairement des satires de la société britannique. Il y raconte l’histoire d’un personnage du nom de Tim Rakewell du début de sa vie, à son évolution sociale et ensuite à sa mort. Les tapisseries sont pleines de sarcasmes et l’on y voit d’innombrables références à la société de consommation et à l’hypocrisie de cette dernière. De plus il met souvent en opposition les classes sociales, sans doute une manière encore une fois de dénoncer certains train de vie. Perry pousse donc à nouveau les spectateurs à la réflexion. Qu’est ce qui est réellement important ? Ne sommes-nous pas tous des victimes collatérales de la société dans laquelle nous vivons ?…


Grayson Perry est une sacrée découverte pour moi. Je ne connaissais pas du tout cet artiste britannique. J’aime les artistes qui se crée leur propre univers et qui nous y invite. J’aime aussi son personnage, son alter-ego Claire, qui sert énormément d’une certaine manière à son art puisque forcément, un homme habillé en femme, dans notre société actuelle, ça fait parler ! Malgré cela Perry est libre de vivre sa vie comme il l’entend. Il livre un vrai message aux hommes en les déculpabilisant et en leur disant qu’ils ont le droit de se sentir faibles et pas à la hauteur.

De plus, la société dans laquelle il vit l’inspire réellement, il n’hésite pas à donner son avis de manière sarcastique et à demander aux gens d’y réfléchir aussi. Grayson Perry est un artiste impliqué et qui s’intéresse au monde dans lequel il vit !

Après « Women House » et « Vanité, Sexualité, Identité » je me demande bien quelle sera la prochaine exposition de la Monnaie de Paris ! 😉

Que pensez-vous de l’univers de Grayson Perry ?

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7 commentaires sur « Un OVNI appelé Grayson Perry installé à la Monnaie de Paris »

  1. Haaaan je n’avais pas pu voir cette expo, quel dommage car ça a l’air d’une richesse incroyable. Cet homme est tout simplement fascinant ! J’adore comment il prend le contre-pied de plein de principes et d’adages pour en faire quelque chose de contre culturel fort et qui trouve une résonance toute nouvelle et révolutionnaire face à la question des construits sociaux : qu’est-ce qu’être un homme, une femme, un artiste…? J’adore le principe des alter ego, et ses photos délirantes, piquantes ! ❤️❤️❤️

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    1. Ouiiii je suis tout à fait d’accord et puis la question du stéréotype de genre est TELLEMENT actuel ! C’était vraiment très très intéressant.
      Et puis je trouve qu’on parle beaucoup des femmes ces temps ci (ce qui est très bien 😉) mais je me dit qu’il ne faut pas oublier les hommes car eux aussi subissent une sacrée pression sociale mine de rien !

      Aimé par 1 personne

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