Jusqu’au 19 juillet, la galerie Templon propose une exposition dédiée à la jeune artiste française Jeanne Vicerial. Intitulée « Nymphose« , l’exposition nous permet de découvrir différentes sculptures tissées au fil noir, signature et caractéristique de l’artiste. Ayant pour thème la métamorphose, nous sommes invités à déambuler à la rencontre de différentes silhouettes symbolisant différentes étapes de la vie.
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Pour parler de cette exposition et bien la comprendre, je pense qu’il faut d’abord parler de sa scénographie. Elle est à première vue très simpliste, mais en même temps assez percutante. Les murs blancs contrastent fortement avec ces longues silhouettes noires.
Au fond de la salle se trouve un emplacement qui pourrait faire référence à un autel, à quelque chose de sacré. Une silhouette git alors couchée à même le sol, des fleurs s’échappant de sa poitrine. C’est la fin d’une vie qui s’achève ici mais aussi la fin du parcours.
Mais avant d’arriver à cet autel, il faut d’abord traverser cette grande salle.
On y rencontre plusieurs personnages. Le titre de ces oeuvres est vraiment intéressant puisqu’il nous guide en nous indiquant à qui nous avons à faire. Ces silhouettes tissées de fil noir sont en réalité des « gardiennes ». On peut alors se demander ce qu’elles gardent ? Est-ce qu’elles sont là pour protéger l’autel, le temple, dans lequel git allongée sur le sol cette dernière sculpture ? Les gardiennes sont grandes, elles sont tout en longueur. Elles dominent. On dirait presque des spectres, des ombres. Leurs épaulettes donnent même l’impression qu’elles portent une armure.
Le corps ne ferait-il pas alors directement référence à une armure, à une protection, à un gardien ? Peut-être celui de notre âme ?
On retrouve aussi des personnages qui s’enlacent faisant face à des femmes au ventre bien rond. Jeanne Vicerial a nommé ces sculpture « Mue » et fait évidemment référence aux différentes métamorphoses du corps des femmes tout au long de leur vie. Le fil prend alors la forme d’un cocon et protège là encore un être en devenir, en pleine mutation.
Durant notre parcours, nous croisons aussi des bustes intitulés « Perséphone« . Si vous me suivez un peu, vous savez que c’est une figure de la mythologie grecque que j’affectionne tout particulièrement. C’est interessant de la retrouver dans l’exposition de Jeanne Vicerial puisque Perséphone est la personnification de la jeunesse mais aussi du passage violent à la vie adulte. Sa vie change du tout au tout en un claquement de doigt. Kidnappée par le dieu Hadès, elle est contrainte de régner avec lui aux Enfers, dans le royaume des morts.
Perséphone est aussi liée aux saisons, au rythme naturel de la vie. Elle symbolise l’enfance, la jeunesse, la vie d’adulte et la vieillesse, c’est-à-dire la mort.
On peut aussi s’attarder un peu sur la symbolique du fil et du tissage qui est une des grandes caractéristique du travail de Jeanne Vicerial. Le fil me fait tout de suite penser aux Parques dans la mythologie romaine et aux Moires dans la mythologie grecque. Ces trois divinités tissent le fil de la vie. Elles sont maitresses de la destinée des hommes. Elles symbolisent aussi d’une certainement manière la nature éphémère de la vie et la fatalité de la mort.
Je ne l’ai pas mentionné car cela me semblait évident, mais toutes les sculptures ici de Jeanne Vicerial représentent des femmes. On peut d’ailleurs trouver quelques forment faisant clairement références à l’intime. L’artiste encore une fois nous parle de la vie, de sa création mais aussi de sa fin. Tout n’est qu’une perpétuelle répétition, quelque chose de cyclique qui recommence à l’infini. Tout comme la nature, les saisons…
- « Nymphose » de Jeanne Vicerial, à la Galerie Templon jusqu’au 19 juillet.
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