Le rituel du mariage des ténèbres au Japon

Chaque pays connait ses propres rites, croyances et traditions. Cela se révèle encore plus lorsqu’il s’agit de la mort. Etant une étape importante et naturelle du cycle de la vie, certains vouent leur existence entière à la préparer comme il se doit. Pour d’autres en revanche, la mort frappe soudainement. Les familles endeuillées se retrouvent alors chargées d’une mission : apaiser l’âme de leur défunt. Et pour cela, au Japon, il existe ce que l’on appelle mukasari ema ou le « mariage des ténèbres« .

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Mukasari ema fait maison par la famille

Le mariage des ténèbres est une tradition très peu connue et peu répandue au Japon. Elle semble apparaître vers la fin du XIX° siècle dans le nord du pays, dans la préfecture de Yamagata. Elle est directement influencée par des coutumes déjà existantes dans les pays voisins que ce soit en Chine ou en Corée.

En Chine par exemple, il existe une tradition vieille de trois mille ans. On l’appelle minghun ou encore le mariage de fantômes. Elle concerne une personne morte prématurément, toujours célibataire, sans avoir eu le temps de se marier. La famille du défunt cherche alors une personne dans le même cas. Les familles collaborent entre elles souvent en échange d’argent de l’un des partis dans le but d’organiser de nouvelles funérailles afin que les nouveaux époux soient enterrés ensemble. Ces funérailles prennent alors la forme d’un mariage funeste. Les esprits ne sont plus seuls dans le royaume des morts, ils sont apaisés. Quant aux familles, elles peuvent désormais vivre en paix, sans craindre la mauvaise fortune. Car oui, en Chine mais aussi au Japon comme en Corée, honorer ses morts est un réel devoir.

Mukasari ema datant de 1980 sous forme de montage photo

Au Japon, la tradition est quelque peu différente. Elle concerne néanmoins toujours les personnes décédées, célibataires et sans enfants. Comme je le disais, honorer ses morts est un devoir, c’est une tradition très importante. Mais si une personne décède sans avoir été mariée et sans aucune descendance, qui priera pour son âme lorsque ses parents ne feront eux-mêmes plus partie de ce monde ?

Les familles craignent que l’âme de leur défunt se retrouve coincée entre deux mondes, errante et malheureuse. Elles craignent aussi et surtout que l’âme se raccrochent à elles et leur apporte mauvaise fortune.

Mukasari ema daté de 2011

Vient alors une solution : le mariage des ténèbres. Cette coutume plutôt rare au Japon consiste à organiser un mariage post-mortem de manière symbolique.

Le rituel est assez simple, il suffit de créer une image du défunt au côté d’une épouse ou d’un époux fictif, complètement imaginé. C’est d’ailleurs une des règles principales. L’épouse ou l’époux ne doit pas être quelqu’un de réel afin de créer une frontière bien distincte entre le monde des vivants et celui des morts. L’image doit être chargée d’intention, comme si. l’on faisait un voeux. C’est ce que l’on appelle le omoi o takushite (= « confie-moi tes sentiments« ).

Ces mukasari ema, ces images votives, prennent la forme de dessins colorés ou de photographies trafiquées. Elles deviennent alors des offrandes. Elles sont directement réalisées par des membres de la famille endeuillée ou commandées à des artistes. Les défunts sont alors représentés dans des tenues traditionnelles, des tenues de mariage auprès d’un ou d’une partenaire tout sourire.

Mukasari ema daté de 2009

Actuellement, au Japon, il y aurait seulement huit temples bouddhistes qui accepteraient ces mukasari ema. Ils se trouvent tous dans la préfécture de Yamagata. Le temple Wakamatsu en possède pas moins de 1 000. Ces images sont alors suspendues bien haut dans les airs afin encore une fois, de marquer une séparation entre le monde des vivants et celui des morts.

Mukasari ema daté de 1894

Je trouve cette coutume du mariage des ténèbres vraiment fascinante. En y réfléchissant bien, cette tradition sert beaucoup plus aux vivants qu’aux morts. Les familles endeuillées craignent d’être les victimes d’une âme en peine et que la mauvaise fortune s’abattent sur ses membres. Ces personnes réalisent ces images pour elles-mêmes en réalité, pour se rassurer. Mais il existe tout de même quelques récits de personnes révélant avoir été hantées et tourmentées par leur défunt pendant des années jusqu’à ce qu’elles réalisent enfin ce rituel…

Le Japon est un pays riche en folklore et en histoire de fantômes. On prend ce genre de choses très au sérieux. Le mariage des ténèbres, le mariage de fantômes, les poupées mariées… Tout cela révèle peut-être une certaine peur. Une peur de la solitude mais aussi une peur de l’inconnu, de ne pas savoir ce qu’il se passe de l’autre côté du voile. Une peur de devoir l’affronter seul.

Que pensez-vous de cette histoire ? Connaissiez-vous la coutume du mariage des ténèbres ?

(Crédit photo : Agnès Girard)

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5 commentaires sur « Le rituel du mariage des ténèbres au Japon »

  1. Le Japon possède une riche culture qu’il est difficile de pénétrer sans information spécifique, ce n’est que pour mieux apprécier le pays ensuite. Même dans la vie courante il y a de nombreux comportements qu’il faut acquérir pour visiter le pays, je pense par exemple aux règles à suivre dans le métro.

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