Au lendemain de la cérémonie d’ouverture des Jeux Olympiques 2024, ici, à Paris, je me suis dit qu’il serait intéressant de revenir aux sources de ce grand évènement sportif.
Prenant naissance dans la Grèce Antique, les enjeux étaient autrefois bien différents. Il est donc intéressant de se pencher sur un monde bien loin du nôtre et en même temps pourtant assez similaire. Que représentaient les Jeux Olympiques pour la Grèce Antiques et quels en étaient les enjeux ?
Comme vous pouvez très aisément l’imaginer, il est très difficile de situer exactement dans le temps les premières traces des Jeux Olympiques antiques. Les seules sources que nous ayons à notre disposition sont les écrits du poète Pindare (518 avant Jésus-Christ – 438 avant Jésus-Christ), un registre où sont répertoriés les grands champions des jeux, des peintures sur vase et bien sûr, le site archéologique d’Olympie.
Car oui, Olympie qui se trouve dans le Péloponnèse en Grèce, accueillait les Jeux Olympiques, d’où leurs noms. Là-bas, on y trouve le grand temple de Zeus (Jupiter), le roi des dieux. Le monde grec est très attaché à la religion et d’après la légende, nous devons la création de ces concours sportifs au héros Héraclès (Hercule). Les jeux servaient à honorer son père, le dieu du ciel. Mais vous savez, dans la mythologie grecque, il existe toujours différentes versions. Pour le célèbre Homère, ce fut Achille qui eut l’idée des Jeux Olympiques afin cette fois-ci d’honorer la mémoire de son amant Patrocle. Il y fait référence dans l’Iliade. Dans ces deux versions, nous retrouvons cette notion d’hommage et de sacré.
Comme vous le voyez, les sources divergent. La Grèce Antique tentait de tout expliquer à travers ses mythes mais en réalité, la création des Jeux Olympiques permettait surtout de créer une unité dans le monde grec, un rendez-vous tous les quatre ans qui rythmait leur vie. Une trêve était même instaurée entre les cités-Etats. Car en effet, pendant la période des jeux, chaque participants pouvaient voyager de cité en cité jusqu’à Olympie librement. Les conflits cessaient.
En revanche, pendant la guerre du Péloponnèse (431-404 avant Jésus-Christ), on apprend que la cité de Sparte n’a pas respecté la règle. Elle fut donc exclue des Jeux Olympiques. Cela nous montre que déjà, à l’époque, on prenait ces concours sportifs très au sérieux. Sans oublier en plus qu’il y avait une forte notion de divin qui entrait en jeu…
Mais du coup, quand pouvons-nous dater exactement ces Jeux Olympiques ?
Les premiers jeux se seraient dérouler en 776 avant Jésus-Christ et se répèteraient tous les quatre ans. Le monde grec vivait au rythme de ces olympiades. On le sait grâce au registre des vainqueurs enregistrés et le premier inscrit se situerait à cette date. Mais évidemment, il n’est pas du tout impossible que les Jeux Olympiques aient existé bien avant et qu’à partir de -776, les organisateurs aient tout simplement décidés de garder des traces de leurs champions.
Dans ce registre, on retrouverait pas moins de 81 champions et parmi eux 46 étaient spartiates. Il n’y a rien d’étonnant à cela puisque les spartiates étaient craints, redoutés. Ils étaient reconnus pour leur excellence militaire, leur courage, leur discipline et leur force. Sparte est considérée comme une cité militaire, la formation au combat débutait dès l’âge de sept ans.
En quoi consistait les Jeux Olympiques antiques ?
On retrouve plusieurs représentations des épreuves notamment sur des sculptures ou encore sur des vases. Il y avait la couse à pied, la lutte, la boxe (pugilat), le saut en longueur, le lancer de disque, le lancer de javelot ou encore la course de char. C’est assez fou de voir à quel point aujourd’hui la liste des disciplines s’est enrichie.
Quant aux participants, seuls les hommes étaient acceptés. Excepté la prêtresse de Déméter, les femmes ne pouvaient même pas assister aux épreuves. Elles avaient en revanche leurs propres jeux organisés, les Héréïas. Des jeux honorant la déesse Héra, reine des dieux et épouse de Zeus.
Comme aujourd’hui, les Jeux Olympiques antiques nécessitaient une certaine organisation. Les athlètes devaient se présenter à Olympie un mois à l’avance afin de se préparer au mieux. Ceux-ci seront ensuite classés par tranches d’âges pour concourir. Evidemment, on devait à cette époque aussi aménager des endroits pour les épreuves, on retrouve d’ailleurs des traces de stades improvisés à Olympie.
Tout était très ritualisé. L’ouverture des jeux commençait par des rituels, des purifications, des offrandes à Zeus telles que des Hécatombes. Cela consistait à sacrifier pas moins de cent boeufs ce qui laisse les historiens assez perplexes. Il est en effet assez difficile d’imaginer à cette époque que l’on se permette le luxe de sacrifier de la potentielle nourriture alors que beaucoup avaient du mal à se nourrir convenablement.
Les jeux commencent à la deuxième pleine lune qui suit le solstice d’été et durent cinq jours. Pas de règles spécifiques pour les concurrents. Ils doivent néanmoins jouer nus, le corps complètement enduit d’huile d’olive. Dans les épreuves de combat, il était interdit de s’attaquer aux parties génitales et aux yeux. Pour déclarer forfait, il suffisait de lever l’index au ciel. Malheureusement, beaucoup n’avaient pas le temps de lever le doigt et mourraient tragiquement. Les participants sont conscients que le dénouement peut s’avérer fatal. Mais de l’autre côté, une gloire éternelle était offerte aux vainqueurs.
Les champions sont acclamés et récompensés. Leur nom est ovationné ainsi que celui de leur père et celui de leur cité. Une couronne réalisée à partir des oliviers sacrés d’Olympie leur ait offerte devant le temple de Zeus. Et lorsqu’ils retournent chez eux, on leur offre de l’argent. J’imagine que gagner les Jeux Olympiques pouvaient grandement les aider et peut-être même changer leur vie et celle de leur famille. La mort, ou la gloire…
Malheureusement, les Jeux Olympiques antiques connaitront un déclin à partir de 146 après Jésus-Christ. La Grèce est colonisée par les romains. Le monde hellénistique disparait à feu doux. Le caractère sacré des jeux commence à s’essouffler.
C’est en 393 après Jésus-Christ que l’Empereur romain Théodose Ier interdit complètement les jeux olympiques. Pour lui, ils sont incompatibles avec le christianisme. Tout ce monde emprunt de mythe et de magie disparait alors…
Il faudra attendre des siècles et des siècles pour retrouver les jeux olympiques comme on les a connu aux temps des si redoutés spartiates. Et ce sera grâce à un français, le baron Pierre de Coubertin. C’est en 1896 que ce passionné de sport organise les tous premiers jeux olympiques modernes et pas n’importe où puisqu’il choisi Athènes, en Grèce. Ces nouveaux jeux sont enrichis de nouveaux sports évidemment, mais surtout, ils deviennent un évènement international. De nombreux pays à travers le monde y participent et ne se réduisent plus seulement à la Grèce. En revanche, ces nouveaux Jeux Olympiques gardent ses valeurs d’antan : des valeurs d’unité, d’appartenance, de richesse, de compétition et d’excellence.
Quand on sait tout cela, on réalise à quel point les Jeux Olympiques sont en réalité plus qu’important puisqu’ils témoignent de l’histoire de notre propre humanité.
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