Quel meilleur moment que Halloween, Samhain, la Toussaint ou encore plus simplement, la fête des morts, pour aborder le sujet de l’art macabre ? Car oui, les artistes aiment dépeindre la vie humaine et son quotidien mais en tout temps, la mort a aussi fait partie de leurs nombreuses interrogations. La mort fait ironiquement partie intégrante de la vie et à certaines époques, le but de notre vie terrestre était de bien préparer celle d’après. Quel est donc cet art macabre ? Quelles en sont ses caractéristiques ?
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Commençons d’abord par définir ce qu’est l’art macabre. Comme son nom l’indique, l’art macabre évoque tout simplement la mort. C’est une référence directe à toute une atmosphère sombre et morbide. Cet art prend naissance en Europe, au Moyen-Âge, mais il ne faut pas oublier que bien avant. La mort a toujours fasciné et été au centre des préoccupations de nombreuses civilisations, il n’y a qu’à penser par exemple au célèbre rite funéraire de l’Egypte antique. Mais du coup, pourquoi parle-t-on particulièrement du Moyen-Âge lorsqu’il s’agit de l’art macabre ?
Les temps sont particulièrement compliqués au XIV° siècle entre les guerres, la pauvreté, la famine et surtout la peste noire qui fait rage. En seulement 5 ans, de 1346 à 1351, cette épidémie que l’on appelait aussi « la Mort Noire » décime au moins un tiers de la population européenne. C’est l’épidémie la plus meurtrière qui soit. Les croyants y voyaient d’ailleurs à travers elle, l’un des quatre cavaliers de l’apocalypse… Son impact a tout remis en question que ce soit socialement ou économiquement. Beaucoup voyaient la peste noire comme une forme de châtiment divin. La mort est donc omniprésente à cette époque et beaucoup d’artistes s’en inspirent.

Transi, Guillaume Lefranchois, XV° siècle.
On voit par exemple une nouvelle forme de sculpture émergée, celle du « transi » qui peu à peu commence à s’opposer au « gisant ». Ce dernier déjà fait partie de l’art funéraire. Il représentait souvent le défunt, un noble, un roi ou une reine, allongé, comme endormi, parfois les mains jointes comme une ultime prière et bien sûr, dans de beaux apparats. Le défunt était représenté sous son meilleur jour. La sculpture était ensuite posée sur le tombeau de la personne en question.
A l’inverse du gisant, le transi lui, représentait la vérité de la mort. Cette sculpture était plus réaliste mais aussi d’une certaine manière beaucoup plus violente. On souhaitait montrer la réalité de la mort : des corps en pleine putréfaction, des os décharnés et parfois même des vers. Mine de rien, c’était aussi une manière pour les artistes de réaliser un réel travail anatomique et de travailler leur technique. Et d’un autre côté, c’était aussi un moyen de faire réfléchir les gens. Peu importe notre statut social, que l’on soit riche ou pauvre, nous finirons tous dans les mêmes conditions car personne ne peut échapper à la mort. Le transi se rattache donc au fameux « memento mori » (« souviens-toi que tu vas mourir »), rappelle la vanité de la vie et nous encourage à faire preuve d’humilité.

La femme et la mort, Hans Baldung, 1519
Quand on parle d’art macabre, on peut aussi parler de son iconographie et comme vous pouvez vous en douter, le crâne et même le squelette entier en fait partie. Dans beaucoup d’œuvres, notamment celles du Moyen-Âge, on retrouve l’allégorie de la mort sous les traits de la camarde. Cette allégorie évoluera au fur et à mesure du temps. On la retrouve d’abord simplement sous les traits d’un squelette, on l’affublera ensuite d’une grande cape puis d’une faux. Pour certains, elle est à différencier de celle que l’on appelle la grande faucheuse et pour d’autres, ces deux entités sont exactement les mêmes. Dans tous le cas, que ce soit pour la camarde ou la faucheuse, les deux représentations font clairement référence à la mort, au temps qui passe ainsi qu’à la condition humaine.

Arcane sans nom du tarot de Marseille
De même, on pourrait aussi faire référence à l’arcane sans nom du tarot de Marseille qui représente un squelette avec une faux. Celle-ci, ne présage pas la mort au sens propre comme on pourrait l’imaginer mais plutôt une mort au sens figuré, la fin de quelque chose, d’une situation, un changement, un renouveau.
De même, les pirates utilisaient eux aussi le symbole du crâne sur leur navire afin de semer la terreur. Lorsque l’on voyait leur drapeau au loin, on savait ce que cela présageait, la mort arrivait aussi… Le crâne et plus généralement le squelette ont toujours fait référence à un destin funeste.

Détails de la Danse Macabre de Bernt Notke, réalisée entre 1475 et 1499
Mais la référence la plus connue de l’art macabre reste et restera sans doute ce que l’on appelle « la danse macabre ». La danse macabre est une sorte de procession ou morts et vivants se réunissent et dansent ensemble. La mort représentée par des squelettes commence d’abord par aller chercher les grands de ce monde, c’est-à-dire les nobles, les rois, les reines mais aussi les personnes du clergé. Ils terminent ensuite leur danse avec les paysans, les pauvres.
Cette danse macabre est en réalité une critique de la société, une critique des différences sociales car encore une fois, au finale, face à la mort, nous sommes sur un pied d’égalité. Que l’on soit riche ou non, notre destin est le même. Ces représentations de danses macabres sont très souvent ornées de poèmes, de messages moraux, nous poussant à vivre une vie vertueuse mais aussi à prendre conscience de la vanité de la vie. Il faut prendre conscience de la mort et s’y préparer.
Parmi toutes les danses macabres qui puissent exister, la plus célèbre reste celle représentée sur la fresque du cimetière des innocents en 1424. Elle est d’ailleurs considérée comme étant la toute première représentation de danse macabre.

La Danse Macabre, Walt Disney, 1929
On a énormément parlé du Moyen-Âge ici mais il faut savoir que l’art macabre a perduré dans le temps, il a evolué. On peut facilement le rattacher au genre des vanités par exemple qui de la même manière pousse à la réflexion et tente de mettre en lumière l’éphémérité de la vie. Si vous souhaitez en découvrir un peu plus sur ce courant, vous pouvez retrouver un article qui traite du sujet juste ici.
Nos contemporains ne sont pas en reste puisque l’art macabre a inspiré de nombreux artistes et de nombreuses œuvres. On peut penser par exemple à la danse macabre réalisée par Walt Disney en 1929. Ou bien même à toutes les œuvres de Tim Burton qui s’inspire entièrement de cette atmosphère.

Autoportrait, Arnold Bocklin, 1872
L’art macabre émerge donc au XIV° siècle en Europe dans un Moyen-Âge terrassé par les guerre et la famine, où la peste noire fait des millions de morts. La mort étant omniprésente forcément, on commence à se poser des questions sur ce qui vient après. Il est donc évident qu’un courant comme celui-ci en soit né. La mort sous les traits d’un squelette encourage à la réflexion et à la spiritualité. On se rend compte que la mort au final gagne toujours le combat, ne vaudrait-il donc pas mieux tout simplement l’accepter et savoir l’accueillir à bras ouverts ?
Que pensez-vous de ce courant artistique ?
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J’ai énormément profité de cet article. J’ai rencontré le mot « transi » en écrivant sur Bar-le-Duc l’année dernière — il y en a un célèbre dans l’église Saint-Étienne là-bas — mais je ne l’ai vraiment pas compris. Maintenant, je suis éclairé.
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Heureuse que cet article ait pu vous servir alors ! 😉✨
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On retrouve le « macabre » dans le roman gothique anglais (fin XVIIIe , début XIXe siècle) qui a préfiguré le romantisme.
Et la Danse macabre est aussi une pièce symphonique de Camille Saint-Saëns !
Bonne journée, Brève Histoire d’Art !
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Oui comme je le disais l’art macabre a clairement perduré dans le temps et a inspiré grand nombre d’artistes/d’œuvres tout au long de l’Histoire. 😉
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