Tim Burton : l’Ami des Monstres

Depuis la période de Halloween, j’ai cette forte envie de vous parler d’un cinéaste que j’affectionne tout particulièrement, il s’agit de Tim Burton. Comme toute la génération des enfants des années 90, j’ai grandi et évolué avec ses films. Il fait partie de ces rares personnes à avoir un style reconnaissable entre mille. La plupart de ses œuvres, si poétiques, ont bercées et fait rêvées bon nombre de personne. Il est donc intéressant de se pencher sur ce cinéaste de talent.

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Tim Burton naît à Burbank en Californie en 1958. Très timide et réservé, il a énormément de mal à se lier d’amitié aux autres, à créer des liens sociaux. C’est difficile aussi dans sa propre famille, il se sent en décalage, différent. Il vit dans une banlieue américaine typique, avec ses maisons colorées, ses barrières blanches et ses voisins biens sous tout rapport mais un peu encombrants. Il fera d’ailleurs dans ses films, souvent référence à ce genre de banlieue, qui ressemblait à un réel cauchemar pour lui. Pour fuir celle-ci, il se réfugie dans les salles du cinéma où il passe sa vie à regarder les films d’horreur à succès tels que Frankenstein ou Godzilla. On ressent déjà ici son attrait pour les monstres en tout genre.

 

« Je n’ai jamais été intéressé par ce qui intéressait tout le monde. J’étais très intériorisé. Je me sentais toujours un peu triste. » – Tim Burton.

Déjà très tôt, il excelle dans le dessin. Ses dessins à lui ne ressemblent clairement à ceux des autres jeunes de son époque, ils sont très noirs, très sombres et évidemment, il aime dessiner des monstres. Il se passionne aussi pour la poésie et notamment pour le poète Edgar Allan Poe qui est une réelle source d’inspiration. Il est aussi fan de l’acteur Vincent Price. A cette époque, il ne sait pas encore qu’un jour, il aura le bonheur de travailler avec celui-ci et cela par deux fois.

En attendant, Tim Burton continue son art et peaufine son style. On lui connait déjà un humour assez noir puisque l’on sait qu’il s’amusait à terroriser le fils de ses voisins en lui faisant croire que les extra-terrestres n’allaient pas tarder à venir conquérir la Terre. Cela montre déjà son imagination débordante.

Tim Burton derrière la caméra

Excellent en dessin, c’est tout naturellement qu’il se tourne vers l’animation. C’est un peu comme s’il avait toujours su qu’il ferait ça. Après l’obtention de son diplôme dans une école d’art, il est repéré par les Studios Disney qui se trouvent aussi à Burbank. Il commence donc par travailler pour Disney. On sait d’ailleurs qu’il a travaillé sur le film d’animation Rox et Rouky et je me souviens avoir été tellement étonnée lorsque j’ai appris cela. Ce film est tellement à des années lumière de la personnalité de Burton. Il en garde d’ailleurs un très mauvais souvenir. Il se sent vite coincé chez Disney, il ne se sent pas épanouie. Ce qu’il souhaite lui, c’est donner vie à ses propres dessins, à ses monstres. Et Disney va lui offrir cette chance là.

Vincent de Tim Burton, 1982Vincent de Tim Burton, 1982Vincent de Tim Burton, 1982Vincent de Tim Burton, 1982Vincent de Tim Burton, 1982

C’est en 1982 que Disney lui propose de réaliser son premier court-métrage, un petit film d’un peu plus de 5 minutes intitulé Vincent. Ce petit film raconte l’histoire d’un petit garçon assez tourmenté à l’imagination débordante et qui s’imagine en savant fou. Ce petit film fait en quelque sorte écho à l’enfance de Tim Burton qui lui même enfant, était hanté par tous ces monstres. De plus dans le film, Vincent, lui aussi se passionne par Edgar Allan Poe. Suis-je aussi obligée de mentionner la ressemblance physique entre le personnage et le réalisateur ?

Avec Vincent, Tim Burton réalise son rêve de rencontrer son idole de jeunesse, l’acteur Vincent Price. Ce dernier est le narrateur du film. Vincent est donc réalisé grâce à Disney qui reconnait les talent du réalisateur et qui lui offre la possibilité de s’exprimer enfin. C’est un succès, le court-métrage est envoyé dans plusieurs festivals. Mais si vous avez déjà vu Vincent, et je l’espère, vous avez sans doute remarqué qu’il est vraiment très noir… Bien loin de l’image édulcoré de Disney. La projection est donc arrêtée à cause de ce côté trop morbide mais il aura eu le temps de faire connaitre le style de Tim Burton.

Frankenweenie, 1984, Tim BurtonFRANKENWEENIE, 2012, Tim Burton

Il réalise ensuite le court-métrage Frankenweenie en 1984. Celui-ci aura le droit à un reboot en film d’animation en 2012. On y voit encore une fois des thèmes récurrents. On retrouve l’enfant savant fou que l’on pouvait voir dans Vincent et on voit les influences des films d’horreur qu’il regardait lorsqu’il était enfant. Mais avec Tim Burton, il y a quelque chose de bien différent… Ses créatures à lui, ses monstres, ne sont jamais méchants ou maléfiques… Ils s’avèrent être doux, fragiles et sensibles. Et à l’inverse, les gens bien sous tout rapport qu’il croisait tous les jours dans sa banlieue se révèlent en réalité beaucoup plus perfides que ce qu’ils laissent paraître. Tim Burton nous dit clairement qu’il ne faut pas se fier aux apparences. Et comme disait le poète Charles Baudelaire, qui je suis sûre devait aussi se trouver dans la bibliothèque de Burton : « Le beau est toujours bizarre ».

 

S’ensuit ensuite succès après succès. Le travail de Tim Burton est plus que reconnu. Il met en avant des thèmes et des personnages que l’on n’a pas l’habitude de voir. Burton s’intéresse aux gens différents, aux outsiders, ceux que l’on ne calcule pas, ceux que la société décide d’ignorer, les parias… Il les met souvent face à cette société parfaite d’ailleurs et remet ses codes en question. Encore une fois, ceux que l’on méprise, qui effraient se révèlent en réalité être les plus humains.

Edward aux mains d'argent, 1990, Tim BurtonEdward aux mains d'argent, 1990, Tim Burton08vinecntettimEdward aux mains d'argent, 1990, Tim Burton

« Un film, c’est une psychothérapie très chère que les studios ne comprennent pas toujours. » – Tim Burton.

Edward aux Mains d’Argent, en plus d’être l’un des films préférés de ses fans, est sans doute le film le plus personnel du cinéaste. En plus encore une fois de cette ressemblance physique entre lui-même et son personnage principal, Burton aborde ici son enfance dans cette banlieue colorée qu’il déteste. On retrouve une nouvelle fois cette image du savant fou qui crée une créature mais qui meurt subitement sans pouvoir le terminer. La créature se retrouve donc avec des lames tranchantes à la place des mains. Cela est un symbole clair pour Burton et reflète son incapacité à se lier aux autres. Cette difficulté quasi physique à approcher le monde. C’est d’une certaine manière tellement poétique !

Pour la seconde fois, Tim Burton a le plaisir de retrouver son idole Vincent Price. Ce sera d’ailleurs le dernier film dans lequel apparaîtra l’acteur… Il retrouvera aussi l’actrice Winona Ryder avec qui il avait déjà travaillé dans son film grotesque et parodique Beetlejuice. Mais la grande trouvaille cette fois-ci, c’est Johnny Depp qui deviendra littéralement sa muse ! Edward aux Mains d’Argent marque le début d’une très longue collaboration et d’une réelle amitié. Tim Burton trouve en Johnny Depp toute la sensibilité qu’il recherche.

L'Etrange Noel de Monsieur Jack, 1993Les Noces Funebres, 2005, Tim BurtonLes Noces Funebres, 2005, Tim BurtonLes Noces Funebres, 2005, Tim Burton

Tim Burton a toujours su très bien s’entourer. Il s’est littéralement créé une équipe composée de comédiens récurrents comme Winona Ryder, Michael Keaton, Johnny Depp ou encore son ex femme Helena Bonham Carter et plus récemment la sublime française Eva Green ! Ces comédiens répondent toujours à l’appel et font partie intégrante de son univers.

De même du côté technique, on retrouve à plusieurs reprises de fidèles compagnons de travail. Burton est un passionné de musique et notamment de comédie musicale, il en réalise d’ailleurs plusieurs. La musique fait partie intégrante de son oeuvre. C’est donc le compositeur de talent Danny Elfman qui s’occupe de toute la musique de ces films. On retrouve aussi son ami et réalisateur Henry Seilick qui a réalisé lui même L’Etrange Noel de Monsieur Jack. Seilick le suivra dans plusieurs de ses aventures.

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Burton a donc une très grande filmographie à son actif, j’ai abordé ici qu’un échantillon, seulement mes films préférés et encore… Je n’ai pas parlé de Jack et la Pêche géante, de Sleepy Hollow, de Charlie et la Chocolaterie, d’Alice au Pays des Merveilles ou encore de Miss Pérégrine et les enfants particuliers. Ce serait bien trop long ! Mais il est intéressant de constater que toutes ces œuvres ont d’abord pris naissance dans la littérature. Tim Burton est un amoureux des livres et il aime donner sa réinterprétation, réinventer des contes et légendes.

Il s’inspire aussi énormément de l’histoire des arts. On retrouve de nombreuse référence à l’expressionnisme allemand notamment au Cri d’Edvard Munch dans Vincent par exemple. Il s’inspire aussi des vieux films en noir et blanc de l’époque pour ses plans. Mais si l’on devait rattacher Burton a un seul courant artistique, pour moi, ce serait celui du Romantisme du début du XIX° siècle…

Tim Burton et Sparky, 2012

« Toute personne ayant des ambitions artistiques essaie toujours de se reconnecter avec la façon dont elle voyait les choses étant enfant. » – Tim Burton

Comme je le disais plus haut, les personnages principaux de Tim Burton lui ressemble totalement. Il aime représenter les parias, les « dingues », sans doute parce que lui même enfant, passait pour quelqu’un de bizarre aux yeux des autres. Il était le petit garçon au teint blafard, habillé en noir, décoiffé et qui traînait dans les cimetières… C’est aussi le cas pour ses personnages ! On la comprit, il était de nature très solitaire et c’est donc ce genre de personnages que l’on va retrouver dans ses films.

C’est là que le Romantisme prend tout son sens. Le Romantisme est un courant artistique de non sens, où il n’y a pas forcément de logique, on tente d’oublier la raison. Mais ce n’est pas pour autant du surréalisme car à l’inverse de ce courant ci, le Romantisme place les sentiments, le cœur, au centre de toute chose. La mélancolie et la nostalgie y sont omniprésentes. C’est exactement ce que l’on retrouve chez les personnages de Burton : ils ne se sentent pas à leur place et se posent des questions sur leur propre existence ! Et ça, c’est exactement ce que vivait le cinéaste lui même, et c’est aussi exactement ce que beaucoup d’entre nous vivons aussi. C’est d’ailleurs surement pour cela qu’il a su toucher tant de gens.

Les Noces Funebres, 2005, Tim BurtonLes Noces Funebres, 2005, Tim BurtonLes Noces Funebres, 2005, Tim Burton

« Je suis un maniaco-dépressif joyeux-chanceux. Il devient très profond et sombre pour moi, et il devient effrayant parfois quand je sens que je ne peux pas m’en sortir. Mais je ne me considère pas négatif-négatif. Je suis positif-négatif. » – Tim Burton.

Tout comme dans le Romantisme, dans le style « Burtonien« , on retrouve cette omniprésence de la mort. A cause de cela, on le qualifie souvent de gothique, de bizarre et de « dark » et c’est quelque chose qui ennuie profondément le cinéaste. Lui ne se sent pas bizarre du tout, il s’est toujours trouvé très normal. C’est comme si on était obligé de créer des cases et de mettre les gens dedans. Lui refuse cela.

La mort exposée par Tim Burton est en plus de cela bien loin de l’image que l’on pourrait en avoir… Et cela se voit d’ailleurs à l’écran et c’est flagrant dans son film de Les Noces Funèbres sorti en 2005. Pour Burton, la mort est une simple continuité de la vie. Ce monde souterrain se révèle en réalité être plein de vie, les morts s’amusent, boivent, dansent, chantent… La musique y est omniprésente ! Et les couleurs ? Les lumières y sont plus vives et colorées que dans le monde des vivants où tout parait fade, vide et triste. Au premier regard, on pourrait se dire que Burton a une vision pessimiste de la vie mais en réalité, il nous pousse peut-être tout simplement à la réflexion, à savoir ce que l’on souhaite vraiment faire de notre vie.

Tim Burton, l'étrange noel de monsieur jack, 1993

On retrouve aussi un certain esthétisme, une signature propre à Tim Burton qui rend son travail si reconnaissable. Des personnages tout en longueur, des disproportions, des damiers noirs et blancs, des lignes noires et blanches, des ponts, de la neige, des spirales ou encore des escaliers complètement tordus… Ces caractéristiques se répètent quasiment dans tous ses films et ont contribué à la création de tout son univers.


Tim Burton

Tim Burton est donc un artiste qui ne ressemble à aucun autre. Son nom est devenu un style artistique, une signature. Ses œuvres sont reconnaissables entre milles et ont touchées plusieurs générations. Il aura réussi à prouver qu’il n’y avait rien de mal à être différent et pousse n’importe qui à la tolérance. Cet hypersensible, poète dans l’âme, parle avec son cœur. Il aura réussi à donner vie à ses monstres et à réaliser ses rêves d’enfant et ça c’est tellement inspirant !

Que pensez-vous de Tim Burton ? Quel est votre film préféré ? 

Vous pouvez retrouver une petite vidéo sur le cinéaste que j’ai publié sur ma petite Chaine Youtube : Une Brève Histoire d’Art. N’hésitez pas à aller vous abonner pour me soutenir dans mon projet de transmission artistique et culturelle ! 😛

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