Jean Hélion, la prose du monde, au Musée d’Art Moderne de Paris

Jusqu’au 18 août, le Musée d’Art Moderne de Paris met à l’honneur un artiste hyper prolifique de son vivant et qui pourtant aujourd’hui reste assez méconnu, Jean Hélion. Pionnier absolu de l’abstraction qu’il introduit en Amérique dans les années 1930, l’artiste tombe peu à peu dans l’oubli après sa mort. Et pourtant, il est une figure emblématique d’un renouveau artistique. Le musée organise donc une grosse retrospective où se regroupe plus de 150 oeuvres rarement présentés au public grâce aux nombreux prêts d’institutions et de collections privées. Qui était donc Jean Hélion ?

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Qui est Jean Hélion ?

Jean Hélion (1904-1987) est un artiste majeur du XX° siècle. Artiste hyper prolifique, son art n’a eu de cesse d’évoluer au fur et à mesure du temps. Formé à l’architecture et donc au dessin, c’est au final vers la peinture qu’il va se tourner. Dans un premier temps assez proche de Piet Mondrian, il commence dans les années 1920 par se développer dans l’abstraction puis dans le cubisme, pour petit à petit faire évoluer son style et se tourner vers la figuration. Marié à une américaine, il introduira l’abstraction en Amérique.

Jean Hélion fait partie de cette génération ayant connu les deux grandes guerres. Lors de la première, il était encore enfant mais lors de la seconde, il s’engage auprès de l’armée française et est envoyé dans les camps en 1940 puis en prison de laquelle il arrive à s’échapper deux ans plus tard. Il fuit alors aux Etats-Unis où il publie un livre sur sa captivité « They shall not have me » (« Ils ne m’auront pas« ) qui connait un très grand succès ce qui lui amène à faire de nombreuses conférences sur son vécu.

Concernant ses sujets de prédilection, ils sont plutôt divers et variés : scène de la vie quotidienne, portrait, nature morte, nu… L’oeuvre de Jean Hélion est incroyablement riche. Rattaché comme je le disais à l’abstraction ou encore au cubisme, on peut aussi le rattacher au mouvement fauve et personnellement, je vois en ses oeuvres un peu de surréalisme et de symbolisme. L’artiste jouit d’une grande liberté et fait ce qui lui plait.

les débuts géométriques :

Jean Hélion est un homme très présent dans la vie artistique de Paris. Il fait partie de différents groupes notamment du « cercle des artistes de Montparnasse » où il rencontre énormément de personnes. Autour de lui, on retrouve par exemple des artistes tels que Piet Mondrian, Joaquín Torres García, Théo van Doesburg ou encore Alexander Calder. Tous auront d’une manière ou d’une autre influencé son travail, du moins, à ses débuts.

Suivant la tendance de l’époque, celui-ci se dirige évidemment vers l’abstraction et le cubisme. Jean Hélion donne alors une certaine importance aux formes géométriques et à la couleur. Ses créations laissent place à l’imaginaire. Il rencontre d’ailleurs lors d’un voyage aux Etats-Unis, Marcel Duchamp qui lui-même prône le concept, l’idée qui se cache derrière une œuvre plutôt que l’oeuvre en elle-même.

La fin des années 30 marquera en revanche la fin de la forme pour Jean Hélion qui se tournera petit à petit vers la figuration ce qui d’ailleurs laissera son audience plus que perplexe. Lui qui jouissait jusqu’à présent d’une assez bonne réputation dans le milieu sera énormément critiqué.

L’oeuvre qui prend vie :

Ce changement de direction artistique arrivera pendant le seconde guerre mondiale. Jean Hélion, engagé dans l’armée française, sera fait prisonnier en Allemagne. Il réussit à s’échapper et c’est tout un périple qui l’attend alors pour retourner en France. Paris étant occupée, il rejoint d’abord Marseille où il y retrouve de nombreux amis. Il décide ensuite de partir pour les Etats-Unis où il rédigera ce best-seller sur sa captivité. C’est là aussi où son art prend une autre tournure. Il se met alors à peindre ce qu’il voit, des scènes de la vie quotidienne, des vitrines de magasin… Il sera énormément critiqué par ce revirement artistique et décidera donc de retourner vivre à Paris.

Lui qui autrefois laissait une grande place à l’idée, à l’imaginaire, tente à présent de montrer la réalité ou du moins sa réalité puisque celle-ci est vue à travers son prisme. La figuration émerge donc mais pourtant, on ressent encore l’influence du cubisme.

entre renouveau artistique et répétition:

En décidant de montrer au monde la réalité, Jean Hélion dévoile alors un large panel de la vie. Ses thèmes sont divers et variés et pourtant, certains éléments reviennent de manière assez frénétique dans ses oeuvres. On remarque par exemple la présence de chapeau un peu partout, de mannequins de vitrine, de chaussures ou encore de parapluie. La manière dont tous ces éléments sont disposés sont d’ailleurs toujours très significatives. Il y a toujours cette idée de double sens et au final « l’idée » du début est toujours bien présente même si son style artistique a évolué au fur et à mesure du temps.

L’artiste aime aussi nous montrer les rues qu’il traverse régulièrement, les immeubles mais aussi son atelier, là où tout se crée. J’ai en tête par exemple un tableau qui est une véritable mise en abime où l’on voit à l’intérieur plusieurs autres tableaux que l’on peut croiser lors du parcours de cette exposition. J’ai trouvé ça très intéressant.

Jean Hélion s’intéresse aussi au corps. Il a réalisé beaucoup de nus. Il s’amuse à donner des positions particulières aux corps représentés afin de créer des formes géométriques. De plus, on retrouve dans son oeuvre une omniprésence de citrouille, ce qui au premier abord peut paraitre assez étonnant. Pourquoi cette obsession pour les citrouilles ? Celles-ci symboliseraient le sexe féminin. En réalité, il n’y a rien de si surprenant à cela quand on sait que d’autres artistes aiment symboliser le « fruit défendu » à travers la grenade ou autre image plus symbolique les unes des autres.

fin de vie et probleme de vue :

Dans les années 80, Jean Hélion se voit petit à petit perdre l’usage de sa vue. Ses problèmes oculaires ont commencé bien plus tôt dès les années 60 mais c’est en 1983 qu’il la perd complètement. Et c’est donc ici que l’on revient une nouvelle fois à l’imaginaire. Malgré ce gros handicape pour un artiste comme lui, quand on travaille de ses mains et que l’on a besoin de ses yeux pour représenter ce que l’on voit, Jean Hélion réussi à garder une spectaculaire précision. Certes, les couleurs sont criardes, on remarque la différence tout de suite mais l’artiste ne perd pas son coup de main. Ce dernier nous invite donc tout comme lui, à nous laisser aller au songe en se replonge alors dans tous les aspects de sa vie.

L’oeuvre et la vie de Jean Hélion aura sans aucun doute été très riche. Ayant parcouru quasiment tout le XX° siècle, il aura été un témoin majeur des avancées artistiques mais aussi de la vie politique d’une époque bien mouvementée. Côté artistique, son travail est très intéressant et l’exposition qui lui est dédiée au Musée d’Art Moderne de Paris nous permet vraiment de voir l’évolution de celui-ci. C’est une très grosse retrospective qui vous attend donc. N’hésitez pas à aller y faire un tour si vous en avez l’occasion.

Connaissiez-vous Jean Hélion ?

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4 commentaires sur « Jean Hélion, la prose du monde, au Musée d’Art Moderne de Paris »

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