La figure de la Sorcière à travers l’Histoire : de la diabolisation à la réhabilitation

A travers l’histoire, la femme s’est vue affublée de tous les maux qui soient. Son image a été utilisée, diabolisée et fantasmée. Elle a depuis toujours été assimilée à tout ce que l’on ne pouvait expliquer. Accusée, malmenée jusqu’à être sacrifiée, la femme s’est très vite transformée en sorcière. Cette figure mystique a connu de nombreuses transformations au fur et à mesure du temps. Des magiciennes antiques en passant par les bûchers du Moyen-Age jusqu’à sa réhabilitation au XIX° siècle, comment a évolué l’image de la « sorcière » à travers les siècles ?

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Les compagnons d’Ulysse, transformés en animaux par Circé, viennent s’enduire le corps d’antidote, figure noire sur coupe, vers -555

L’Antiquité : la magie au quotidien

La magie a toujours fait partie intégrante de la vie. Dans l’Antiquité, que ce soit chez les Egyptiens ou chez les Grecs, la question ne se posait même pas. On savait que la magie était présente parmi nous. Elle ne fait même qu’un avec la société. La religion, omniprésente est elle-même emprunte de magie et de rituels. On se rassemblait pour des sacrifices, pour honorer des divinités fortement convaincus qu’elles nous entendaient. Déjà à cette époque, des femmes sortaient du lot. Certaines étaient connues comme des magiciennes, des personnes capables de communiquer directement avec les dieux. Je pense par exemple à la Pythie de Delphes, la prêtresse du dieu Apollon, que l’on venait voir pour divers sujets. Elle avait dit-on un don de voyance.

Mais ce qui est encore plus intéressant, ce sont les mythes que l’on se racontait oralement. Des figures féminines ont émergé et leurs histoires sont encore racontées aujourd’hui. Je pense par exemple à Circé, capable de changer les hommes en animaux ou encore à Médée bien connue pour ses sortilèges. Le mot « sorcière » n’existe pas encore. On parle de simples « magiciennes« .

Aujourd’hui, je dirai que le mot « magicienne » est plutôt positif. Mais dans l’Antiquité, il fait plutôt échos à des femmes dangereuses et indomptables. Fortement liées à la nature sans doute en lien avec leurs émotions aussi violentes qu’une tempête en pleine mer, elles piègent les hommes et leur laissent alors très peu de chance de s’en sortir. La femme est déjà diabolisée. On ne peut pas lui faire confiance. Il faut s’en méfier.

Concernant leurs représentations, ce sont surtout leurs méfaits qui sont mis en avant.

La Sorcière, Albrecht Dürer, Vers 1500

Le Moyen-Age : Une folie collective et les premières accusations

C’est en arrivant au Moyen-Age, dans l’Europe occidentale, que l’on voit naître l’image de la diabolique sorcière et cela pour différentes raisons.

Il faut garder à l’esprit qu’à cette époque, le catholicisme est la religion dominante. La transition avec les cultures dites « païennes » se fait de manière assez compliquée. Tout le monde est très suspicieux. On surveille son voisin mais encore plus sa voisine ! Les femmes qui dans le monde rural soignaient à l’aide de différentes plantes étaient jadis très respectées. Elles étaient même appelées pour faciliter les accouchements. Mais avec l’arrivée du catholicisme, ces femmes, à cause de leurs connaissances, sont suspectées d’êtres des sorcières. Parce qu’elles jouissaient d’un savoir unique que les hommes ne parvenaient pas à comprendre, elles étaient accusées de pactiser avec le Diable

De plus, il ne faut pas oublier que le Moyen-Age a été très compliqué. Entre la guerre de cent ans, les différentes épidémies comme la peste noire par exemple et les catastrophes naturelles… Il fallait bien trouver des coupables et expliquer tous ces malheurs et cet acharnement. On pense alors à des assemblées, des adorateurs (ou plutôt des adoratrices !) de Satan. C’est alors que les répressions commencent, dans les années 1420.

C’est une époque incroyablement meurtrière qui voit le jour ici. Parmi les grandes accusées de sorcellerie, on ne peut que penser à Jeanne d’Arc (14121431). En plus de déranger pour des raisons évidentes (elle est partie en guerre pour repousser les anglais et rendre sa couronne à Charles VII / elle s’habillait en homme), Jeanne disait entendre des voix depuis ses 13 ans. Ce sont d’ailleurs ces voix qui l’auraient poussée à prendre les armes. Elle sera brûlée vive à Rouen sur un bûcher, le 30 mai 1431, à seulement 19 ans…

Côté artistique, on voit naitre les premières représentations de sorcière sur des balais. Cette gravure signée Dürer est tellement intéressante. On y voit une vieille femme effrayante complètement nue chevaucher un bouc, symbole du Diable. Elle tient dans sa main droite quelque chose qui ressemble à un balais mais à son extrémité, on peut y voir une espèce de fuseau de couture. Ce détail fait clairement référence aux Parques. Dans la mythologie grecque, les Parques étaient au nombre de trois et déroulaient le fil de la vie. Elles étaient en quelque sorte maitresse de la destinée des hommes et lorsqu’elles coupaient le fil, elles signaient la mort. Ce détail montre clairement la dangerosité de la sorcière et son pouvoir.

La Sorcière de Bruegel l’Ancien, XVI°/ Deux sorcières, Hans Bandung, Vers 1523

La Renaissance : entre peur et fascination

Le Moyen-Age se termine et laisse place à la Renaissance. Le XVI° siècle, c’est clairement l’apogée de la chasse aux sorcières. Plusieurs pays mettent en place de réelles inquisitions et de nombreux procès ont lieu avec comme vous pouvez l’imaginer de très nombreuses accusées. Beaucoup de femmes meurent alors brulées vives après avoir été torturées de toutes les manières possibles. Il existe d’ailleurs de nombreux objets servant exclusivement à la torture de ces soit disant sorcières afin de leur soutirer des informations et surtout, des aveux.

On a ici affaire à une véritable folie humaine, une folie collective. En réalité, ces accusations sont souvent comme vous pouvez très aisément l’imaginer complètement fausses. On accuse des vieilles femmes vivant seules au milieu d’un bois juste parce que c’est considéré comme « bizarre ». On accuse des femmes savantes, les « guérisseuses » comme je le disais plus haut car elles possèdent des connaissances que les « médecins » de l’époque ne connaissent pas. Mais il arrive aussi parfois que l’on accuse des femmes fortes et puissantes comme c’est le cas en Hongrie pour la Comtesse Bàthory. Celle-ci ayant hérité des terres de son époux et de ses pouvoirs forcément, ça n’arrange pas les grands de ce monde. Tout sera bon pour la faire condamner et lui voler tout ce qui lui appartient…

La femme est une nouvelle fois rattachée au malin, au Diable. Elle est souvent représentée sous les traits d’une vieille femme en plein sabbat. Son visage est déformée par le mal. Grace à Bruegel, son image se précise : vêtements noirs, balais volant, animaux de la nuit et chaudron…

On voit tout de même à cette époque une certaine fascination de la part des artistes pour la figure de la sorcière. Celle-ci représente petit à petit une figure érotique et sensuelle mais aussi à la fois dangereuse pour l’homme et son esprit.

La Martyre de Salem, Thomas Satterwhite Noble, 1869 / Le Cercle Magique, John William Waterhouse, 1886

Le XVIII et XIX° siècle :LES BUCHERS S’ÉTEIGNENT ENFIN

On arrive alors dans mes périodes préférées, le XVIII° et XIX° siècle. Nous sommes dans l’avènement des Lumières. Parmi eux, Rousseau, Voltaire ou encore Montesquieu mettent en avant le rationalisme, la liberté de pensée et l’égalité en opposition à la religion et toutes ses superstitions. La sorcière devient alors une figure populaire, une héroïne tragique, un mythe, une légende, des histoires que l’on se raconte pour se faire peur. Les bûchers s’éteignent enfin.

Gardons tout de même à l’esprit que la chasse aux sorcières auront fait entre 30 000 et 60 000 victimes… On compte jusqu’à 200 000 procès en Europe et en Amérique du Nord. Ces chiffres sont à prendre avec des pincettes puisqu’il existe sans doute de nombreuses victimes restées dans l’ombre. Il ne serait pas étonnant que le nombre de condamnées à mort soit encore plus impressionnant. Quand à ces accusées, comme vous l’aurez compris, la majorité était des femmes.

Avec la fin de ces procès, la sorcière se fait alors oublier, se retire dans sa forêt et tente sans doute de panser ses plaies…

Elle revient un siècle plus tard avec le courant Romantique. Le Romantisme est un mouvement artistique que j’affectionne particulièrement. Il met l’être humain au centre de tout. Ses émotions, sa tristesse et sa mélancolie sont glorifiées, magnifiées. On rapproche l’humain de la nature. Ils sont extrêmement liés. On s’intéresse aussi énormément à l’occulte et au mysticisme. Beaucoup de mouvements spirites voient le jour. On tente de trouver des réponses dans l’invisible, de comprendre ce que l’on ne peut pas voir.

Les artistes dépeignent alors des femmes incomprises, recluses et victimes. La vieille sorcière laisse place à la jeune femme. Celle-ci est fantasmée, séduisante et menaçante à la fois. La figure de la sorcière commence néanmoins à revenir sur le devant de la scène. Elle est enfin réhabilitée.

Images promotionnelles d’American Horror Story : Coven, Ryan Murphy, 2013

Aujourd’hui : le féminin sacré

Aujourd’hui, et sans doute depuis les années 60 et l’émergence de tous les mouvements féministes, on peut voir plusieurs figures émerger des profondeurs de l’histoire. La sorcière en fait partie. Elle est aujourd’hui un symbole de force et de puissance. Cette image est brandie en opposition au patriarcat. La sorcière devient littéralement un pouvoir féminin, un pouvoir sacré. C’est comme si les femmes avaient pris conscience de leur mémoire commune et de tout ce qui leur avait été infligée depuis la nuit des temps. On retrouve alors la figure de la sorcière dans de nombreuses séries et dans de nombreux films.

Magnifiée, glorifiée, puissant, elle reste néanmoins toujours un peu dangereuse car aujourd’hui, elle ne se laisse plus faire.

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3 commentaires sur « La figure de la Sorcière à travers l’Histoire : de la diabolisation à la réhabilitation »

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