Après avoir abordé ici l’image si controversée de Méduse, ce personnage mythologique incompris, je me suis dis qu’il serait très intéressant de parler de la représentation des femmes dans la mythologie grecque. Je continue donc dans cette lancée et propose aujourd’hui un petit détour en Crète à la rencontre de Phèdre.
Selon la légende, Phèdre est la fille du roi de Crète, Minos, et de sa femme Pasiphaé. Elle naît au sein d’une famille maudite puisque sur plusieurs générations, la fatalité s’abattra sur eux.
Son père Minos se disait très proche des dieux, il se prétendait même prêtre. Pour prouver ses dires à son peuple et sans doute pour affirmer aussi son pouvoir, il pria le dieu de la mer Poséidon de faire jaillir des eaux un magnifique taureau blanc afin de la sacrifier ensuite en son nom. Le dieu entendit sa prière et c’est alors qu’un taureau au blanc immaculé surgit des eaux. Le roi le trouva si splendide qu’il se refusa à le sacrifier… Mais une promesse avait été faite au dieu de la mer et un sacrifice devait être fait. Il décida donc de tromper la divinité et fit tuer un autre taureau. Evidemment, le dieu s’en rendit compte et sa vengeance commença alors. Il envoûta le magnifique taureau et celui-ci fut prit d’une colère telle qu’il dévasta toutes les terres de la Crète ! Mais la malédiction n’en était encore qu’à son début…
Les dieux grecques sont décrits comme assez humanisés… Ils connaissent les joies, les peines ou encore l’amour mais de manière milles fois décuplés. Alors quand un dieu à la mauvaise réputation et au très mauvais caractère comme Poséidon est en colère, ça peut aller très loin. En plus d’avoir détruit les terres de la Crète à travers son propre cadeau au roi, un cadeau empoisonné, le dieu va frapper la reine Pasiphaé en plein cœur. Selon les différentes légendes, c’est Aphrodite, la déesse de l’amour elle même qui s’en prendra à Pasiphaé. Celle-ci se retrouve animée par un amour monstrueux. Elle tombe follement amoureuse du taureau blanc. Et là, c’est le drame.
Pasiphaé ne peut résister à cet amour horrible qui lui a été insufflé ! Pour assouvir son désir, elle fait appel au génie créateur de Dédale afin qu’il lui sculpte une vache de bois creuse dans laquelle elle pourra rentrer pour assouvir son désir envers le taureau… De cet amour monstrueux naîtra le Minotaure, un monstre au corps d’homme et à la tête de taureau. Minos choqué, demanda à Dédale de construire un labyrinthite géant sur une île dans lequel il enfermera la créature pour que personne ne puisse jamais le voir et être au courant de l’acte ignoble de sa femme.
Tous les neuf ans, on livrait sept garçons et sept filles au monstre jusqu’au jour où Thésée, fils d’Égée, le roi d’Athènes arriva. Il décide d’aller tuer le Minotaure. Ariane la sœur de Phèdre, très amoureuse de lui, l’accompagne. Elle lui fait promettre de l’épouser et en échange elle lui offre la pelote de fil pour qu’il puisse sortir du labyrinthe en revenant sur ces pas.
Thésée sort vainqueur de ce combat et au lieu d’honorer sa promesse à Ariane il l’abandonne sur une île après l’avoir endormi. A son retour, il épouse donc Phèdre. Et la malédiction va une nouvelle fois frapper.
Thésée de son côté à déjà un fils, Hippolyte, issu de ses amours avec une amazone. Hippolyte voue un culte à la déesse de la chasse Artémis et cela rend la déesse de l’amour Aphrodite si jalouse que pour se venger elle abat une nouvelle fois la malédiction sur Phèdre. Celle-ci se retrouve folle amoureuse de son beau-fils au point d’en être malade. Elle en perd littéralement la tête et se retrouve coincée entre cet interdit, cet inceste, et son amour dévorant pour le jeune Hippolyte. Elle tente en vain de l’oublier et en devient infâme avec lui.
Jusqu’au jour où celle-ci ne tient plus et crie ses sentiments à Hippolyte. Celui-ci la repousse et ne veut rien entendre. Prise de désespoir mais aussi craignant pour sa vie si jamais ses propos arrivaient aux oreilles de Thésée elle décide d’accuser le jeune homme d’avoir essayé de la violer. Thésée convoque son fils et le bannit ! Pire encore… Il prie le dieu Poséidon de tuer son propre fils…
C’est alors que sur la route de Trézène, un monstre de la mer surgit et effraie les chevaux d’Hippolyte qui tombe et se fait traîner jusqu’à la mort. En apprenant sa mort, Phèdre prise de désespoir et ne pouvant pas vivre dans un monde où Hippolyte n’existe pas décide de se suicider…
Ce mythe est très intéressant. Déjà de part ses personnages. Nous avons des hommes, des rois, des héros, des génies comme Dédale qui souhaitent montrer leur pouvoir et leur force sans jamais penser aux conséquences. Minos trompe le dieu de la mer et c’est sa femme Pasiphaé qui en fait les frais, qui devient l’outil de la vengeance de Poséidon. Dédale lui veut montrer son génie par dessus tout, à quel point il est le meilleur, c’est sans doute pour cela qu’il accepte de participer à la drôle d’idée de la reine Pasiphaé. Thésée lui, utilise les femmes pour arriver à ses fins et n’a aucun scrupule à les laisser derrière lorsqu’il n’en a plus besoin.
Encore une fois à travers ce mythe, on retrouve des femmes victimes malgré elles. Concernant Phèdre son sort est scellé dès le premier affront de son père. C’est toute une lignée de femmes qui se retrouve maudite. Phèdre est éprise de manière si viscérale que ça lui fait mal physiquement. Je vous conseille vivement le texte de Racine qui représente si bien tout ce par quoi Phèdre passe malgré elle. Celle-ci a pu être identifiée comme une belle-mère affreuse alors qu’en réalité elle a été victime de la fatalité.
Aujourd’hui, son nom a été donné à un syndrome, le « complexe de Phèdre » qui en toute logique évoque le désir que ressentirait une belle-mère pour son beau-fils.
Que pensez-vous de ces personnages mythologiques ?
Que souhaitaient expliquer ou dénoncer les grecques à travers le personnage de Phèdre d’après vous ?
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7 commentaires sur « Phèdre, la passion maudite »