Les Amoureux tragiques de l’histoire de l’art : Orphée et Eurydice, l’amour plus fort que la mort ?

Quel meilleur moment que le mois de février, mois des amoureux, pour lancer une nouvelle série sur mon site, celle des amoureux tragiques de l’histoire de l’art. Les premiers à ouvrir le bal sont comme vous avez pu le lire dans le titre de cet article, Orphée et Eurydice. Il est temps à présent de vous raconter leur histoire certes tragique, mais tout de même incroyablement poétique.

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Orphée saluant l’aube, Jean-Baptiste-Camille Corot, 1862

Si vous me lisez depuis longtemps, vous savez sans doute que mon amour pour la mythologie grecque ne connaît aucune limite. Et quand il est question d’amour, la Grèce Antique n’y allait pas de main morte. L’amour finit bien souvent mal. Et c’est évidemment une histoire qui se tragique qui nous attend ici. Et pourtant, tout commençait pour le mieux …

Orphée est le fils du roi de Thrace et de Calliope. Cette dernière fait partie des neuf muses. Chacune a un attribut bien précis, une spécialité. Celle de Calliope est la poésie. Les muses sont les compagnes d’Apollon, le dieu des arts et de la beauté. Elles constituent son cortège. 

Forcément, étant le fils d’une muse, Orphée hérite de quelques facultés. Il est connu comme étant lui-même un poète incroyable mais aussi un très grand musicien. Il se dit même que lorsqu’il se met à jouer ou à chanter, le temps s’arrête, les animaux les plus sauvages s’apaisent et le vent cesse de souffler pour l’écouter. Il détient clairement un don d’envoûtement. 

Ses qualités artistiques sont si remarquables que le dieu Apollon lui offre une lyre. Celle-ci est loin d’être ordinaire puisqu’en plus des sept cordes initiales, le dieu en rajoute deux. Une manière pour lui d’honorer les neuf muses. 

Orphée, Paul Duqueylard, 1880

Orphée est considéré dans la Grèce Antique comme un poète mais en réalité, je me dit qu’il pourrait aussi être considéré comme un héros. Un héros certes bien différent de ceux que l’on imagine si on le compare à Hercules, Persée ou encore Thésée et pourtant, il a souvent su faire preuve de bravoure. 

Engagé avec les Argonautes comme chef de nage (celui qui donne le rythme de rame), c’est lui qui sauve ses camarades lors de l’attaque des sirènes. Lorsque tout le monde devient complètement fous en entendant le chant de ces créatures, il se met lui-même à chanter et à jouer de la lyre. Sa voix couvre celles des sirènes et grâce à lui, les argonautes s’en sortent indemnes.

Orphée devant la mort d’Eurydice, Ary Scheffer, 1814

Après ses folles aventures, Orphée tombe amoureux de la dryade Eurydice. Ils décident de se marier mais malheureusement, les choses ne se passent pas comme elles le devraient. Un dieu mineur, Aristée, s’est épris de la belle Eurydice et la poursuit. Cette dernière tente de lui échapper en courant le plus vite possible mais ne voit pas la présence d’un serpent sur sa route. Elle se fait mordre et meurt sur le coup, le jour même de ses noces. C’est dramatique. Orphée est dans tous ses états. Il n’imagine pas sa vie sans Eurydice et tente alors quelque chose d’inédit : il décide d’aller la chercher aux Enfers

Orphée aux enfers, Louis-Jacquesson de la Chevreuse, 1863

Peu de personnes peuvent se vanter d’être rentrer aux Enfers. Après tout, c’est le royaume des morts. Lorsque l’on s’y trouve généralement, ce n’est pas bon signe. Hermès, le dieu messager, s’y rend régulièrement certes, mais c’est un dieu. Pour y rentrer, ce n’est pas chose aisée. La porte des Enfers est gardée par Cerbère, le chien à trois tête. Orphée ruse alors et joue de sa lyre pour l’assoupir. Lors de son périple, il rencontre une multitude de créatures et de bêtes sauvages. Encore une fois, le musicien réussit à les amadouer. 

Orphée ramenant Eurydice des Enfers, Jean-Baptiste Camille Corot, 1861

Il arrive ensuite jusqu’au roi des Enfers, Hadès et sa femme, Perséphone. Il implore le dieu de libérer Eurydice mais évidemment, il se confronte à un refus. Orphée se met alors à chanter tout son amour pour Eurydice mais aussi toute sa tristesse de l’avoir perdue. Perséphone est si émue, si bouleversée, qu’elle se confronte à son mari pour qu’il laisse partir la dryade. Le dieu accepte enfin. Mais évidemment, à une condition : jusqu’à ce qu’Orphée regagne la surface de la terre, il ne devra en aucun cas regarder Eurydice. Le musicien accepte. 

Orphée et Eurydice, Emil Neide, XIX / Orphée et Eurydice, Alexandre Serres, 1883

Orphée rebrousse donc chemin avec derrière lui Eurydice. Mais après tout, comment être vraiment sûr qu’elle se trouve bien derrière lui ? Le poète résiste et tient sa promesse. Il commence enfin à voir les premiers rayons du soleil en face de lui et cette vision le rend si heureux et enthousiaste qu’il se retourne d’un coup pour partager sa joie avec sa bien-aimée. La promesse est alors malheureusement rompue. Eurydice est soudainement rattrapée par les ténèbres. Orphée voit son bonheur se dissiper devant lui  et cette vision sera donc la dernière qu’il aura de sa triste épouse. 

Orphée et Eurydice aux Enfers, Heinrich Friedrich Fuger, XVIII

L’histoire d’Orphée et Eurydice est tout de même sacrément tragique. Et forcément, à travers l’histoire, les artistes se sont fortement épris de ces deux amoureux maudits. Beaucoup ont représenté leur histoire dans des tableaux. Le moment très souvent représenté est le périple aux Enfers où l’on voit Orphée avancer avec derrière lui, sur ses pas, Eurydice. Le poète est représenté armé de sa lyre, son arme ultime, à l’image d’un Persée avec son bouclier ou son épée. Il est en quelque sorte héroïsé. On ressent aussi dans certaines représentations sa tristesse et sa mélancolie.

C’est étrange de se dire que dans la mythologie grecque, toutes les histoires d’amour se terminent de manière tragiques. On peut aussi parler du cas d’Aphrodite, la déesse de l’amour qui elle-même est pleine de défauts et est carrément à l’origine d’une guerre. Dans ce cas là, on peut aussi faire référence au lien très étroit entre l’amour et la mort qui se retrouve dans énormément d’oeuvre, que ce soit en peinture ou aussi en littérature. Et bien sûr, on peut aussi parler du mythe des âmes soeurs, qui préoccupait déjà les grecs et comme vous pouvez vous en douter, leur histoire se termine plutôt mal…

Et d’après vous, les histoires d’amour se terminent-elles forcément mal ?


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5 commentaires sur « Les Amoureux tragiques de l’histoire de l’art : Orphée et Eurydice, l’amour plus fort que la mort ? »

  1. l’histoire d’Orphée (Orpheus, le solitaire, passeur des mondes) et Eurydice (Evridikī, la vaste justice) n’est que la partie immergée du mythe. La seconde partie du mythe reste cachée et seuls les initiés aux mystère orphique (orphisme, religion antique) avaient le droit de connaître la suite de cette tragédie et n’étaient pas autorisés à la divulguer sous aucun prétexte!). Pour évangéliser et christianiser le peuple Thrace d’où est originaire le mythe, les évangélisateurs ont dû évoquer le Christ comme second Orphée, le retour. Sachant que si Orphée eut pu être un personnage historique comme le Christ, il a probablement vécu antre le 15e et 13e siècle avant JC. Les lamelles d’Or orphique qui étaient placées sur les défunts initiés parlent toutes d’une même cosmogonie dont le christianisme a repris l’essentiel : l’eau lustrale du souvenir (d’être d’origine divine), les cycles de vie et de mort (que le christianisme politique a su ramener à une seule) avec le renaissance (ou résurrection et l’élévation échappant au cycle de renaissance, samsara), la descente aux Enfers (ne signifiant nullement un lieu de châtiment mais d’introspection (catabase) pour une résurrection spirituelle (anabase) et surtout d’amour horizontal entre les principes masculin et féminin de la Vie (à l’instar de Shiva et sa parèdre/shakti Parvati, ou de Jésus et Marie-Madeleine que le catholicisme patriarcal issu du dieu tribal d’Abraham a déclaré prostituée et a instauré l’amour vertical par filiation).

    l’Orphisme est donc une partie de la matrice du christianisme, comme l’hindouisme d’Ardhanarishvara (l’union mystique des principes masculin et féminin) est la matrice de l’orphisme.

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