Jusqu’au 19 Janvier, la Cinémathèque de Paris met à l’honneur une figure emblématique de l’horreur : le vampire ! Sujet au combien fascinant et présent à travers tout âge, l’exposition « Vampires, de Dracula à Buffy » met en lumière les différentes facettes de cette figure mythique. Personnage sanguinaire assoiffé de sang devenu plus récemment un bourreau des cœurs, quelle est sa véritable histoire ? Et surtout, comment a-t-il évolué au fur et à mesure des siècles ?
Le mythe du vampire date de bien avant notre époque. Déjà, dans la Grèce Antique, on assimilait de grandes magiciennes comme Circé ou Médée à des vampires puisqu’elles utilisaient du sang lors de leurs maléfices. Mais c’est vraiment au Moyen-Age que le vampire comme on le connait aujourd’hui est à son apogée. On commence à parler de morts-vivants sortant de leur cercueil à la tombée de la nuit. Beaucoup de grandes personnalités historiques ont mêmes été accusés d’être de véritables vampires comme c’était le cas pour Vlad III surnommé l’Empaleur. Vlad naît en 1431 et meurt en 1476. Il était prince de Roumanie et faisait partie de la dynastie « Draculea » ce qui signifie littéralement « Fils du dragon ». Cet homme était réputé pour sa cruauté, il a commis tous les méfaits possibles : décapitation, mise au bûcher, étranglement, pendaison, empalement… Il aurait même enterré des gens vivants ! Un homme plus que charmant comme vous pouvez donc l’imaginer.
Plus tard, au XVI° siècle, c’est une femme cette fois que l’on suspecte d’être un vampire. Elizabeth Bathory, surnommé « la comtesse sanglante », aurait tué un nombre incalculable de femme en Hongrie. Cela dans le seul but de se baigner dans leur sang dans l’espoir de garder une jeunesse éternelle. Elle aura donc énormément contribué aux légendes attribuées au vampire. Néanmoins, historiquement parlant, il n’y a aujourd’hui aucune preuve de ces faits.
Autrefois terrifiant et synonyme d’horreur, le vampire commence à partir du XIX° siècle à fasciner. Comme je l’ai expliqué dans mon précédent article, l’Europe du XIX° se passionne pour le surnaturel. On s’intéresse par exemple au spiritisme, à l’hypnose et aux sciences occultes. C’est Bram Stoker qui remet le vampire sur le devant de la scène avec son roman Dracula fortement inspiré par Vlad III. Celui-ci dépeint un vampire possédé par ses pulsions qui du côté psychanalytique est très intéressant. Dracula est dominé par son « Ça » c’est-à-dire qu’il ne pense qu’à son plaisir, à sa satisfaction personnel et qu’il ne connait aucun interdit. Il aurait sans doute été un très bon sujet pour Freud ! 😉
A partir de là, la littérature, la photographie mais aussi le cinéma qui voit à peine le jour, commencent à s’intéresser au personnage du vampire. Bram Stoker a clairement ouvert la voie et inspirera de nombreux artistes. Son livre sera adapté sur grand écran notamment en 1931 avec dans le rôle de Dracula, l’acteur hongrois, Bela Lugosi. On connait aussi le film Nosferatu de 1922 et le remake de 1979. Toutes ces représentations du vampire sont fortement inspirés par le Dracula de Bram Stoker. On retrouve les mêmes caractéristiques : il se nourrit de sang, transforme ses victimes en vampire, hypnotise, lit dans les pensées, se transforme en chauve-souris et bien sûr, est immortel…
A la différence du Moyen-Age où le vampire horrifiait, au XX° siècle, il devient petit à petit érotisé. La sexualité et la sensualité deviennent très présentes chez ce personnage. En effet, on voit souvent ces créatures s’en prenant à de jolis jeunes femmes, ils se plaisent d’ailleurs à les envoûter. La victime tombe souvent malgré elle, sous le charme de son agresseur. Il y a beaucoup de référence au sadisme et au masochisme. Eros (=Amour) et Thanatos (=Mort) sont très souvent assimilés ensemble.
De plus l’acte commis sur les victimes est très évocateur. Les vampires mordent le cou de leur victime, cela pourrait être en réalité un simple baiser si ce n’était pas pour les tuer. Ces agresseurs prennent aussi sans doute beaucoup de plaisir à tuer leur victime car comme je vous le disais, ils sont dominés par leur « ça »… Tout ce qui compte est leur propre satisfaction. Je ne m’étendrais pas non plus sur leurs longues canines qui, pour beaucoup et de manière assez universelle, sont un symbole phallique très fort. Le vampire est clairement l’incarnation de la libido incontrôlable.
Le vampire, encore plus récemment devient d’ailleurs un personnage hyper sexualisé et même un sex-symbole ! On demande à des acteurs comme Brad Pitt ou encore Tom Cruise de camper ces personnages. Et à partir de là, vous vous en doutez, toutes les femmes rêvent de se faire mordre ! C’est dire à quel point l’image répulsive de base du vampire à évoluer au fil des siècles. Celui-ci est devenu un objet de fantasme. Vous n’imaginez pas le nombre de films érotiques mettant en scène des vampires il existe maintenant et cela dans le monde entier… Le vampire est devenu un véritable séducteur. Quant aux femmes vampires, elles ne cessent de faire fantasmer le monde entier. A croire que le côté « dangereux » inspire. 😉
La mode aussi s’intéresse au phénomène du vampire comme on peut le voir avec ces costumes utilisés dans les films abordés précédemment. Le vampire est toujours un noble, un comte. Il est riche, aime s’apprêter. C’est sans doute son côté luxure. Il vit dans un somptueux château souvent bien reculé de la vie commune. Il est souvent un homme d’un tout autre temps, c’est pour cela qu’on le place souvent au XVIII-XIX° siècle. Mais cela a encore évolué aujourd’hui avec l’arrivée des séries !
Etant née dans les années 90, j’ai grandi avec Buffy contre les Vampires et j’ai pu voir toutes les déclinaisons de série ayant pour thème le vampire ! Celui-ci vivant de base reclus, se mêle maintenant au commun des mortels et tentent de vivre sa vie tout à fait normalement, bon, si on oublie le fait qu’il se nourrisse toujours de chair fraîche ! Aujourd’hui, on arrive même à s’identifier à eux. Ils sont rentrés complètement dans notre imaginaire. Leur intégration est d’ailleurs au centre des séries comme celle de True Blood par exemple. Et bien sûr, on oublie les capes et autres artifices, le vampire porte maintenant des costards comme le personnage du sublime Alexander Skarsgard !
On retrouve aussi une certaine ambivalence, on ne sait plus s’il doit être exterminé ou au contraire accueilli. Problématique que l’on retrouve énormément dans Buffy contre les Vampires. Je vous passe d’ailleurs les innombrables histoires d’amour qui se crée dans ces séries entre mortels et immortels. Les vampires sont à présents plus que romancés.
Le vampire ne cessera donc jamais de nous fasciner ! Personnage horrifique, il est devenu au fur et à mesure des siècles un personnage fascinant et attrayant, qui ne cesse de s’humaniser. La Cinémathèque de Paris, à travers son exposition « Vampires, de Dracula à Buffy » nous offre un parcours à travers l’histoire d’une figure mythique ! L’exposition est vraiment très intéressante et très riche. Je ne vous parle même pas de la scénographie, que ce soit sur plan visuel mais aussi sur le plan auditif. Beaucoup de films sont projetés et je trouve ça vraiment super intéressant puisqu’ils permettent de voir l’évolution de ces films dédiés au vampire et de leur esthétisme. De plus, lors de la visite, on ne fait qu’entendre des cris de femmes stridents et des éclairs, cela nous met tellement dans l’ambiance.
Je ne peux que vous encourager à aller voir cette magnifique exposition ! Vous avez donc jusqu’au 19 Janvier pour aller la visiter à la Cinémathèque de Paris. Quant à moi, il ne me reste plus qu’à me faire un marathon des films évoqués plus haut ! 😉
Que pensez-vous de l’histoire des vampires ? Quel livre, film ou série les concernant vous a le plus marqué ?
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Très bonne synthèse pour s’initier au mythe du vampire! Je trouve amusant que vous n’ayez pas abordé les films Twilight qui sont probablement une des relectures les plus récentes du vampire ( à part rapidement dans la vidéo). On peut remarquer que le mythe du vampire est unisexe, car si les canines percent la peau, la bouche, elle, aspire le sang, donc il y a une double action sexuelle…
J’avais énormément aimé le Dracula de Bram Stoker lors de ma première lecture, même si aujourd’hui le fait que Wilhelmina Murray/Harker soit aussi éhontément soumise à ses compagnons masculins me hérisse le poil (sa version par Alan Moore dans La ligue des gentlemen extraordinaire est bien plus dynamique). Après avoir lu Dracula, je recommande de:
– soit regarder le film de Coppola, hyper sensuel et visuellement magnifique, qui bien que plus fidèle au roman que les films de la Hammer avec Christopher Lee, modifie le point de départ du livre en faisant de Dracula un amoureux maudit et en redonnant un rôle bien plus intéressant à Mina justement.
– soit lire Salem de Stephen King, qui a essayé d’imaginer ce que donnerait Dracula, mais au 20ème siècle, arrivant dans une petite ville américaine… Il ne faut pas être trop pressé puisque dans les 100 premières pages il ne se passe rien, mais ensuite c’est assez trépidant, avec l’idée d’une contamination vampirique très rapide qui fait penser aux invasions de zombies (selon le principe de la suite géométrique/croissance exponentielle où chaque contaminé en contamine plusieurs autres)
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Je recommande aussi les nouvelles Carmilla de Sheridan le Fanu, à sous-texte lesbien très fort, et le Gardien du cimetière, de Jean Ray, qui fait fortement référence à Bathory, mais sans les jolies jeunes filles, sans oublier le Chupador, de Claude Seignolle, à l’écriture très maniérée, qui décrit le lent tourment d’un homme, victime nuit après nuit, d’un type de vampire très spécial….
La BD, franco-belge, comics et manga n’est pas en reste pour la fascination: « Rapaces » de Dufaux et Marini, « Crimson » d’Alex Ramos, « Blood the last vampire » de Production IG sont des oeuvres explorant le vampirisme d’une point de vue différent, et avec chacune un graphisme particulier ; le manga « Karin chibi vampire » est quant à elle une série bien plus humoristique mais qui explore le thème du vampire de manière inattendue… Tsukasa hojo, le mangaka de City Hunter/Nicky Larson a aussi fait une histoire courte plutôt romantique intitulée « Taxi driver » dans le recueil « Le temps des cerisiers »
Je ne sais pas ce que donnent les séries BD de Sfar « Petit vampire » et « Grand vampire », et je n’ai pas vraiment eu le temps de me pencher sur True Blood/La Communauté du Sud mais enfin bon… Bref tout ça pour dire que je regrette un peu de ne pas avoir pu me rendre à cette exposition! Xd
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Merci pour toutes ces recommandations !
Et en effet je n’ai pas parlé de Twilight car je ne suis pas fan du tout de cette sage mais elle était bien présente lors de l’exposition ! Il était difficile de faire une exposition sur l’image et l’évolution du vampire sans en parler j’imagine ! 😉
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