Le sort des triangles roses sous le Troisième Reich

Cette semaine, j’étais invitée à découvrir la nouvelle exposition du Mémorial de la Shoah. Cette exposition intitulée « Homosexuels et Lesbiennes dans l’Europe Nazie » revient sur le sort des grands oubliés de cette seconde guerre mondiale. Privés pendant des décennies de leur statut de victime, l’exposition retrace à travers de nombreux documents le sort qui leur a été imposé, la stigmatisation et les persécutions dont ils ont été victimes mais aussi la lutte pour leur reconnaissance.

Le Mémorial de la Shoah est un endroit que j’ai toujours voulu aller visiter. C’est un endroit que je trouve très riche en émotion et qui remet vraiment les idées en place. Véritable centre de recherche, le Mémorial vise à éduquer le plus de monde possible et met à disposition de chacun plus d’un million de documents récoltés au fur et à mesure du temps. Que l’on soit chercheur, historien, élève ou juste de passage, ils sont accessibles à tous. Spécialisé surtout dans l’histoire des juifs lors de la seconde guerre mondiale en France et en Europe, il veille aussi à communiquer sur les différents génocides du XX° siècle. La mémoire est quelque chose de très important et le Mémorial comme son nom l’indique tente d’entretenir le souvenir de toutes ces personnes disparues dans ce qui fait partie sans doute d’une des parties les plus sombres de l’histoire. Différentes commémorations sont d’ailleurs souvent organisées.

Vous pouvez retrouver leur exposition permanente qui revient sur le sort des juifs lors de la seconde guerre mondiale en France mais le Mémorial organise aussi régulièrement des expositions temporaires. Actuellement, vous pouvez donc aller découvrir l’exposition « Homosexuels et Lesbiennes dans l’Europe Nazie« . Les expositions sont toutes gratuites car comme je le disais, le but est d’éduquer le plus grand nombre de personnes.

L’exposition « Homosexuels et Lesbiennes dans l’Europe Nazie » revient de manière chronologique sur le sort d’une communauté victime lors de la seconde guerre mondiale et qui a été complètement oubliée.

Tout commençait pourtant plutôt « bien » puisqu’à la fin du XIX° siècle et début du XX°, on voit émerger de nombreux mouvements homosexuels notamment dans les capitales comme Paris ou Berlin. Paris a toujours été un endroit très libre où énormément de monde souhaitaient aller vivre justement pour jouir enfin de cette liberté tant rêvée. Les gays et lesbiennes peuvent se retrouver dans des bars, des soirées privées, des salons, des cabarets… Ils se développent aussi énormément dans les arts et dans la presse où l’on retrouve différentes revues et magazines. Malgré tout, ils font preuve de discrétion et tentent tant bien que mal de convenir aux stéréotypes. Certains vont mêmes jusqu’à faire des mariages de convenance pour ne pas éveiller les soupçons…

A cette époque, la religion mais aussi le milieu médical sont ouvertement anti-homosexuels. Les homosexuels sont considérés comme des dépravés, des malades mentaux, des pervers. La justice n’est pas non plus de leur côté puisque dans de nombreux pays les relations sexuelles entre hommes sont interdites et peuvent amener à faire de la prison pendant 10 ans ou être contraints à des travaux forcés. Certains pays se font passer pour plus « cléments » puisqu’ils ne pénalisent pas l’homosexualité. Mais de manière très hypocrites, leur police surveille tous les lieux de rencontre comme les jardins, les bars et même les urinoirs, dans l’espoir d’arrêter des homosexuels pour « outrage à la pudeur »…

Les homosexuels sont responsable de tous les maux. Ils seraient par exemple responsables de la corruption de la jeunesse. On les culpabilise en plus en disant qu’ils sont malades et qu’ils doivent être soignés. Cela fait grandement échos à ce qu’il se passe encore aujourd’hui avec les camps de conversion dont on entend souvent parler…

Heureusement, déjà à cette époque, certaines personnes se soulèvent et luttent pour le droit des homosexuels. C’est le cas par exemple du sexologue allemand Magnus Hirschfeld (1868-1835). Celui-ci milite pour le contrôle des naissances, le droit au divorce et bien sûr, la dépénalisation des homosexuels. Le docteur cumule puisqu’en plus d’être lui-même homosexuel, il est juif ! Autant vous dire qu’il était détesté par les nazis.

Hirschfeld lutte particulièrement pour l’abrogation du paragraphe 175. Ce décret allemand s’applique à tous les pays annexés par le Reich. Effectif depuis 1871, ce décret pénalise la « débauche contre nature » sous entendu, les relations sexuelles entre personnes du même sexe et particulièrement, entre hommes.

En 1933, Adolf Hitler est nommé chancelier en Allemagne. A partir de là, tout est allé encore plus vite. La délation est énormément encouragée. Encore une fois, cela fait grandement échos à ce qu’il se passe aujourd’hui pour les homosexuels en Tchétchénie ! Un homosexuel est considéré comme étant quelqu’un sans aucune valeur, malade, qui doit être rééduqué sinon éradiqué. Les nazis craignent la fin du monde, la fin de l’existence humaine, littéralement, à cause des homosexuels.

Dès 1934, les homosexuels, les prostitués, les travestis seront arrêtés sans même passer devant un juge ! Tous les lieux de rencontre homosexuels sont fermés. En 1935, le paragraphe 175 sera remanié et les homosexuels seront condamnés à 10 ans de travaux forcés… Un an plus tard, Himmler demandera à ce qu’ils soient fichés. L’institutionnalisation commence donc.

Il y a quand même une certaine ambiguïté entre ces discours plus qu’homophobes du parti nazi et tout cet esthétisme homoérotique que l’on peut pourtant retrouver dans leur art.

Sous l’Allemagne nazie, beaucoup d’homosexuels ont prit la fuite ou comme je le disais, ont fait des mariages de convenance histoire de feindre une vie bien rangée mais beaucoup ont été arrêtés. Une majorité est allée en prison et d’autres ont atterris dans les camps… Dans ces camps, ils se trouvaient tout en bas de l’échelle, juste au dessus des juifs. Ils étaient détenus dans des conditions abominables, victimes d’expériences scientifiques en tout genre et même castrés. Les tâches les plus difficiles leur été attribuées. Considérés comme des malades et par crainte d’une contagion, les homosexuels étaient donc exclus des autres dans un coin à part. Quand les juifs devaient porter une étoile jaune sur la poitrines, eux devaient porter un triangle rose…

Jusque là, nous n’avons pas encore vraiment abordé le sujet des lesbiennes sous le régime nazi. C’est un peu difficile de dire exactement ce qu’il s’est passé pour elles puisqu’elles étaient complètement invisibilisées. Elles aussi avaient leur lieu de rencontre, leurs codes mais la plupart restait très discrètes et rentraient dans le moule. Beaucoup ont tout de même été arrêtées et même envoyées au camp. Par contre, elles n’étaient pas arrêtées pour leur homosexualité, on les faisait tout simplement passer pour des malades, des folles, des asociales ou encore pour des communistes…

Arrivées au camp, elles étaient violées et même prostituées dans un bordel et en échange, on leur garantissait la liberté. Certaines se liaient parfois d’amitié entre elles et là, elles étaient tuées…

Lorsque la guerre a prit fin, très peu de voix se sont levées pour parler du sort réservés aux homosexuels. Leur statut de victime n’a pas été reconnu et cela pour différentes raisons. Tout d’abord, que ce soit en Allemagne ou même dans d’autres pays, les victimes n’ont pas pu témoigner puisqu’étant homosexuels, elles risquaient la prison. Il a fallu attendre les années 70 et les mouvements de libérations gays et lesbiens pour qu’enfin, on en parle.

En 1985, le Président Ouest-Allemand reconnait les persécutions à l’encontre des homosexuels. Soit 40 ans après ! Du côté de la France, c’est Lionel Jospin, seulement en 2001, qui reconnait le statut de victimes des homosexuels. Il sera suivi en 2005 par Jacques Chirac. Aujourd’hui, on retrouve différents monuments, différentes plaques qui honorent la mémoire des homosexuels victimes de la barbarie nazie. La voix a aussi été donnée aux survivants dans différents documentaires mais clairement, la lutte pour la reconnaissance aura tout de même été bien longue…

A travers son exposition « Homosexuels et Lesbiennes sous l’Europe Nazie« , le Mémorial de la Shoah souhaite retracer le parcours d’une communauté dans sa lutte pour la reconnaissance. Cette exposition est vraiment très riche ! Enormément de documents sont mis à disposition. Beaucoup de photographies, de revues, de lettres mais aussi de biographies pour mettre des noms sur toutes ces personnes dont on a parlé ici.

L’exposition permet vraiment de voir l’évolution de ce combat pour la reconnaissance et montre toutefois que rien n’est terminé puisqu’encore, dans certains pays la vie des homosexuels se passe exactement comme sous le Troisième Reich… Cela fait vraiment réfléchir !

Qu’avez-vous pensé de ce retour en arrière ? Et dire que c’était il n’y a pas si longtemps que cela…


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2 commentaires sur « Le sort des triangles roses sous le Troisième Reich »

  1. Il y a de quoi se poser des questions sur l’humanité quand on voit ce qu’elle est encore capable de faire malgré des millénaires d’évolution. Ma phrase fétiche est « Chaque personne est unique » et cela prouve en quatre mots que les discriminations sont stupides et n’ont aucun sens. Ce qui rend les actions des humains encore plus stupides : en mettant en parallèle ces quatre mots et tout le gâchis que cause l’humanité depuis des siècles et des siècles. Comment peut-on faire autant de mal alors que la vérité est si simple ?

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