A la découverte de Jean-Jacques Lequeu, bâtisseur de fantasmes, au Petit Palais

Pour la première fois, le musée du Petit Palais propose une exposition consacrée au dessinateur et architecte français Jean-Jacques Lequeu. Artiste méconnu, le public le découvre ici à travers 150 dessins prêtés pour l’occasion par la Bibliothèque Nationale de France. Artiste solitaire, rêveur et empreint aux obsessions, qui était-il réellement ?

Jean Jacques Lequeu Autoportrait

Jean-Jacques Lequeu est né en 1757 à Rouen dans une famille de menuisiers. Formé très tôt au dessin, il gagne plusieurs prix ainsi qu’une bourse qui lui permet d’aller travailler à Paris en 1779. De son vivant, il n’a jamais été reconnu par ses pairs. Il a néanmoins dessiner quelques édifices pour des clients privés mais n’a jamais réalisé le rêve d’être un architecte célèbre. Dans l’ombre, il dessine ses propres bâtisses pour lui, des décors rêvés montrant toute l’étendu de sa technique. En 1825, il fait lui même un don de plus de 800 dessins à la Bibliothèque Nationale de France. Cet artiste s’est intéressé à de nombreux genres propres à son époque comme l’art du portrait qui était très en vogue, le nu, l’érotisme et bien sur l’architecture.

Très peu de choses sont connues de lui, puisqu’il est totalement passé inaperçu à son époque. C’est seulement à partir du milieu du XX° siècle que des historiens commencent à s’intéresser à lui et à son travail.

A la fin du XVIII° siècle, tout le monde souhaite se faire tirer le portrait ! Des études philosophiques abondent, on pense pouvoir discerner énormément de choses concernant les personnalités en fonction des traits du visage. Jean-Jacques Lequeu, souhaitant une reconnaissance, n’hésite pas à se mettre en scène de manière méliorative comme on peut le voir plus haut dans son autoportrait à la fenêtre, avec ses livres, regardant le spectateur. Il tente de nous convaincre, de nous séduire. Lequeu s’est aussi intéressé aux sentiments, aux expressions faciales, et ce qui en ressort est assez comique et grotesque.

Jean-Jacques Lequeu est un artiste assez étonnant. Les historiens ne tarissent pas d’éloge le concernant : curieux de tout, intelligent avec un imaginaire fécond… D’autres en revanche le dézingue : maniaque, pervers, obsessionnel, névrosé… Comme tous les grands artistes non !? 😉

Ayant grandi dans une famille de menuisiers, Jean-Jacques Lequeu est prédestiné à travailler dans le milieu de la création de bâtiments. C’est à Paris qu’il est engagé par François Soufflot en 1779.  Ce dernier qui travaille sur l’église Saint Geneviève, l’actuel Panthéon, engage Lequeu dans ses bureaux. Malheureusement le grand architecte décède en 1780. Le dessinateur se retrouve alors sans protecteur et trouver des clients devient vraiment compliqué. Ses projets personnels n’aboutissent jamais. Il peine réellement à travailler. Ses connaissances en géométrie et en perspective le sauvent puisqu’il est engagé dans les bureaux de Cadastre et à l’école de polytechnique où son savoir faire est reconnu. Mais cela ne lui suffit pas puisque lui ne rêve que d’une chose, devenir architecte. Ici, toutes ses créations restent sur papier…

Le Grand Pavillon Romain

Dans l’ombre, Lequeu continue à dessiner. S’inspirant de ses nombreux livres et de l’antiquité (les textes d’Ovide par exemple) il crée un monde entier sur papier de paysages divers et variés, parfois assez fantastiques. Certains y voient des dessins autobiographiques. Ils pourraient tous se lire à la suite et ne formeraient qu’un. Dans son monde, on y trouve des temples, des églises, des jardins, des grottes…

Jean-Jacques Lequeu ne manquait certainement pas d’humour et était une personne plutôt déconcertante. Homme solitaire et par conséquent sûrement très timide aussi je ne l’imagine pas aller faire la cour aux femmes. Seul chez lui, il a dessiné énormément de nus et de dessins et érotiques. Ses représentations féminines sont plus qu’idéalisées. Il les représente souvent comme des statues antiques. Celles-ci sont vraiment les plus softs de toutes celles qu’il y avait à l’exposition si l’on oublie le gros blasphème de la none au sein à l’air. Il y avait par exemple des dessins dignes de l’Origine du Monde de Gustave Courbet. Lequeu était clairement obsédée par le corps des femmes et ce qui est étonnant, c’est que architecture et érotisme ne font qu’un avec lui. On voit souvent ces femmes dénudées dans des décors architecturaux.


L’exposition du Petit Palais consacré au dessinateur et architecte Jean-Jacques Lequeu permet donc de mettre en lumière un artiste très peu connu du XVIII° siècle en lumière. Celui-ci a passé sa vie à essayer de devenir un architecte reconnu de tous. Ne réussissant pas à réaliser son rêve, il décide de créer son propre monde avec ses propres créations tout droit sorties de son imaginaire alimenté par ses nombreuses lectures. Dessinateur talentueux et s’intéressant à tout ce qui l’entoure, il s’est aussi adonné au portrait et au nu. Ce qui montre qu’en plus de s’intéresser à la pierre, il s’inscrivait aussi dans la lignée des Lumières et plaçait l’humain au centre de tout.

Que pensez-vous de cet artiste oublié ?

N’hésitez pas à me donner votre avis en commentaire, à liker l’article, à vous abonner au site et à me suivre sur Instagram et Twitter pour ne rien rater de mes aventures ! 😉

Laisser un commentaire