Jusqu’au 3 Janvier 2021, le Musée des Arts décoratifs de Paris propose une exposition dédiée au tout premier magazine de la mode, le célèbre Harper’s Bazaar. Crée en 1867, ce magazine fournit toutes les informations concernant la mode bien évidemment, mais aussi concernant la société, l’art et la littérature. Tout cela ayant un fort impact sur la mode en elle-même et vice-versa, le musée prend partie d’exposer des pièces de haute couture en les mettant face à leur publication dans le magazine.
L’exposition prend donc le partie de créer une visite chronologique et thématique. Elle met aussi en avant toutes les personnes ayant contribué de prêt ou de loin à l’évolution du magazine. On y trouve notamment des références à des photographes, des écrivains ou encore des peintres. Mais bien évidemment, l’accent est mit sur les grandes personnalités ayant été au cœur de l’élaboration du magazine comme ses rédactrices en chef.
Harper’s Bazaar est le plus ancien magazine de mode. Fondé en 1867 à New York par la maison d’édition Harper & Brothers, il a pour but de fournir toutes les informations concernant la mode. On y trouve des croquis, des conseils, les tendances actuelles puis par la suite des photographies. Publié d’abord une fois par semaine, le magazine sera ensuite publié une fois par mois à partir de 1901. Son concurrent direct est Vogue, qui verra le jour un peu plus tard en 1890.
Lors de votre visite, vous pourrez admirer d’innombrables couvertures du si légendaire magazine. Vous pourrez vous rendre compte qu’en fonction de l’époque et du style artistique du moment, la couverture s’en inspirera. Par exemple, avec cette exemplaire datant de Mai 1903, on remarque tout de suite l’inspiration de l’Art Nouveau. Cette couverture aurait pu clairement être créée par Alphonse Mucha. Quant à celle de droite, elle date de 2010 et met en avant la chanteuse pop Katy Perry. Le magazine s’adapte donc aussi aux personnalités du moment en les mettant en avant sur leur couverture.
Le magazine de mode est en quelque sorte le digne héritier des revues que l’on pouvait voir apparaître au XV° siècle. En tout temps, l’être humain s’est intéressé à ce qu’il se mettait sur le dos. On créait des vêtements en fonctions du temps, des saisons mais aussi de la manière de vivre. C’était d’ailleurs pareil pour les souliers. On a pu donc retrouver des gravures de mode datant du XVI° siècle ou encore des gazettes datant du XVIII° et comme je le dis très souvent, le portrait dans l’art est une preuve certaine de ce qui était à la mode à telle ou telle époque.
C’est donc en 1867 que les frères Harper propose à la rédactrice et journaliste Mary Louise Booth, de devenir rédactrice en chef du magazine féminin Harper’s Bazaar. C’est donc elle qui l’inaugure et qui va donner le ton du magazine tout en poursuivant dans la continuité de ces revues mode ayant traversées les époques. Surdouée, avant-gardiste, féministe et passionnée par la France, elle fait en sorte que la mode parisienne soit apportée aux américaines en même temps que les françaises la recevait histoire qu’elles n’aient pas un train de retard. Elle fit donc appelle à de nombreux français pour travailler avec elle. Elle n’en fait pas un simple magazine de mode pour les femmes, elle fait en sorte que tout le monde puisse s’y intéresser en y intégrant des illustrations, des poèmes, des écrits scientifiques, des faits de société… Mary Louise Booth fait en sorte de transmettre ses idées et de rester fidèles à elle-même.
Les femmes ont vraiment été au cœur du magazine puisque après Mary L Booth c’est au tour de Margaret Sangster suivie de Elizabeth Jourdan de reprendre le flambeau à la tête du Harper’s Bazaar. Celles-ci continuent dans la même lignée que leur prédécesseur en laissant bien une place à la littérature. La couverture du magazine va aussi se développer de manière très symbolique encore une fois, en s’adaptant à ce qu’il se passe dans le monde artistique.
C’est d’ailleurs très intéressant de voir qu’à cette époque, par exemple lors de la création du magazine en 1867 de voir que des femmes puissent accéder à des postes hauts placés… De plus comme je le disais, le magazine ne se contente pas juste de parler de mode, ils tentent d’ouvrir ses lectrices (et lecteurs !) à la culture et au monde qui les entoure. Ce n’était pas un magazine « abrutissant » bien au contraire. Tout cela à sans nul doute contribué à son apogée.
L’exposition met donc en avant les créations, les pièces de mode, face à leur croquis et aux photos de mode. Cela permet aux spectateurs de voir comment le dessin, la ligne, l’imaginaire se transforme en quelque chose de réel, de matériel et bien sûr, de voir comment le vêtement tombe sur les lignes du corps.
La photographie prend une très grande place dès l’arrivée de la nouvelle rédactrice en chef en 1934, Carmel Snow. Celle-ci s’entoure de personnalités très connues comme le français Jean Cocteau ou encore l’artiste Man Ray. Ayant travaillée des années chez Vogue, Snow est une professionnelle avec un sens aiguisé de l’analyse. Pendant 20 ans, avec le directeur artistique Alexey Brodovitch, ils modernisent entièrement le magazine en s’inspirant encore une fois, des courants du moment comme par exemple le surréalisme. Elle donne une nouvelle vision des vêtements portées par les mannequins. Celles-ci sont photographiées en train de courir, les cheveux au vent, ce qui donne donc du mouvement aux vêtements. Les femmes ne sont plus juste posées là, de manière statique, Carmel Snow décide de leur redonner vie.
Evidemment, le magazine a collaboré avec les meilleurs stylistes de tous les temps comme par exemple le seul et l’unique Christian Dior ! Encore une fois, c’est Carmel Snow qui le remarque et qui tombe amoureuse de sa première collection. Elle adore le « New Look » de cette collection et la manière dont ses robes se tiennent seules telles des sculptures. Elle le mettra donc en avant dans son magazine dans la continuité en plus, de rendre hommage aux acteurs de la mode étant restés à Paris pendant la guerre et sans qui d’après elle, la capitale n’aurait jamais tenue.
La force du Harper’s Bazaar aura été de s’être entouré des meilleures personnes possibles. Que ce soit au niveau de la direction, de la rédaction comme ce fut le cas notamment avec l’excentrique rédactrice Diana Vreeland, des artistes comme Man Ray, Picasso et Andy Wharol ou encore avec des photographes de renoms comme Richard Avedon, le japonais Hiro ou encore Peter Lindbergh. Tous ont apportés leur savoir faire, leur expertise mais surtout auront participé à la modernisation du magazine de mode à travers leur style artistique et leur manière de mettre en valeur les femmes.
Il y aurait tellement de choses à dire ou à mentionner ici concernant l’exposition du Musée des Arts Décoratifs « Harper’s Bazaar, premier magazine de mode ». L’exposition est si riche. Entre les pièces de grands créateurs (Lanvin, Dior, Balenciaga, Yves Saint Laurent…), les croquis, les couvertures de magazines, les œuvres d’art, les photographies… Créé en 1867, le magazine aura connu une folle évolution au point de devenir le magazine numéro 1, synonyme de luxe, de qualité et de raffinement. En plus de promouvoir la mode, ses différentes rédactrices en chef mettront un point d’honneur sur le fait de devoir aussi éduquer ses lectrices sur le monde qui les entoure. Carmel Snow elle même dira que le magazine est dédié « aux femmes bien mises et à l’esprit bien fait« . De nombreuses célébrités auront aussi la chance de faire la couverture du célèbre magazine comme ce fut le cas par exemple d’Audrey Hepburn et de Lauren Bacall, à l’image du standing du magazine à l’époque.
Le musée des arts décoratifs ré-ouvrent donc ses galeries dédiées à la mode, qu’en pensez-vous ? Personnellement, les expositions de ce musée me laissent toujours sans voix. Elles sont toujours si riches. Concernant le Harper’s Bazaar, je ne connais pas du tout son histoire mais avais plusieurs fois été marquées par ses couvertures de l’époque.
(Jusqu’au 14 Juillet 2020)
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La robe rose et noire est sublime et son croquis aussi ! 🙂
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