Les mystères non élucidés de la Dame à la licorne

Le jeudi 12 mai, le musée national du moyen-âge aussi connu sous le nom du Musée de Cluny a réouvert ses portes après des années de rénovations. Le parcours du musée a été retravaillé entièrement afin de rendre la visite beaucoup plus compréhensible pour mieux éduquer sur toute une période de l’Histoire. Autrefois thématique, le parcours est désormais chronologique. Les salles ont aussi été rénovées que ce soit au niveau de la lumière mais aussi des explications, de la documentation. De plus, le musée souhaitait absolument faciliter l’accès aux personnes à mobilité réduite. Cela a donc nécessité différents travaux. Ascenseurs et pentes ont alors été aménagés pour que tout le monde puisse avoir accès comme il se doit au musée.

Aujourd’hui, afin de promouvoir un peu ce musée emblématique de Paris, je souhaitais vous parler de la star de celui-ci qui n’est d’autre que la Dame à la licorne. Mystérieuse et charmeuse, quels secrets se cachent derrière cette célèbre composition de six tentures ?

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Le toucher, La Dame à la Licorne, vers 1500

Le Goût, La Dame à la licorne, vers 1500

Le Toucher / Le Goût, vers 1500

La Dame à la licorne est un chef d’œuvre composé en six parties qui ne cessent de questionner les historiens. Rentrée au musée en 1882, celle-ci n’a toujours pas dévoilé tous ses secrets et notre imaginaire se voit alors fortement piqué. Car oui, le mystère, tout comme le scandale, fait toujours marcher les esprits. Et là, pour le coup, cette œuvre ne déroge pas à la règle.

En effet, on ne sait que très peu de choses sur ses origines. Pour commencer, on peut se demander que serait une œuvre sans son artiste ? Ce serait d’ailleurs un bon sujet philosophique selon moi. Concernant son artiste, nous ne sommes même pas sûrs de qui il était mais évidemment, beaucoup d’historiens se sont penchés sur la question et ont enquêté. Les suspicions se sont donc arrêtées sur le Maître d’Anne de Bretagne, un maître anonyme, connu jadis pour avoir réalisé des peintures, des vitraux, des manuscrits enluminés mais aussi des tapisseries. Très actif entre 1480 et 1508, il était commandité sur de très gros chantiers et était un artiste très prolifique. Après plusieurs recherches et regroupements d’œuvres, celui-ci aurait été rattaché à Jean d’Ypres  qui d’ailleurs décède en 1508. Mais encore une fois, rien n’est certain et l’identité du créateur de ces six tapisseries reste encore un mystère.

Leur lieu de création fait aussi l’objet de débat mais on pencherait plutôt du côté des Flandres dans le nord de la France ainsi qu’aux alentours de Paris.

Quant à son commanditaire, les historiens se sont souvent posés la question quant à l’identité de celui-ci. On a d’abord pensé à un prince de l’Orient exilé en Occident à cause des croissants de lune sur les armoiries représentées. Le croissant de lune étant très souvent rattaché à l’islam. Mais au final, les nombreuses recherches se sont arrêtées sur la puissante famille des Le Viste. Le lion représente leur ville d’origine, Lyon, quant à la licorne, symbole de chasteté oui, mais aussi de rapidité, représenterait leur folle ascension sociale. Ces tentures représenteraient donc la puissance de la famille Le Viste même si comme vous allez le voir par la suite, on peut aussi y voir une double lecture…

L'Odorat, La Dame à la licorne, vers 1500

L'Ouïe, La Dame à la licorne, vers 1500

L’Odora / L’Ouïe, vers 1500

Parlons maintenant un peu du style de ces tentures et nous verrons par la suite toute la symbolique qui se cache derrière tous ces ornements.

Tout d’abord, on remarque que ces six parties sont construites exactement de la même manière. On retrouve cette fameuse dame à la licorne dans chaque parties. Cette composition « mille-fleurs » reprends exactement les mêmes couleurs et les mêmes éléments que ce soit au niveau de la construction de la végétation mais aussi du bestiaire. C’est une œuvre dans sa globalité très soignée, extrêmement détaillée et le tissage est hyper soigné. Encore aujourd’hui, n’hésitez pas à aller les voir au Musée de Cluny. Confortablement installées dans une salle aux lumières tamisées, elles sont très agréables à regarder et sacrément bien entretenues. Il y a vraiment une ambiance mystérieuse qui se dégage de cette salle, c’est une assez bonne expérience je trouve.

Quant aux couleurs, on retrouve le bleu et le rouge emblématique des œuvres du Moyen-Âge. Ces deux couleurs fonctionnent très bien ensemble et contrastent parfaitement. La dame blonde semble se tenir sur une espèce d’îlot central ou différentes scènes se jouent. A chaque apparitions, dans ces six différentes tentures, elle est représentée habillée et coiffée d’une manière différente. Cela nous montre un peu la mode et les codes de beauté de l’époque ce qui est je trouve assez intéressant. Elle est toujours accompagnée d’une jeune fille, sans doute une demoiselle de compagnie, mais aussi de la licorne, un animal légendaire extrêmement important à l’époque.

La Vue, La Dame à la licorne, vers 1500

Mon seul désir, La Dame à la licorne, vers 1500

Mais alors, quelle lecture pouvons-nous en faire ? N’oublions pas qu’au Moyen-Âge, en France, la religion, la chrétienté, fait partie intégrante de la vie. De ce point de vue là, on pourrait donc y voir une jeune femme se vouer à la religion et se détourner des plaisirs de la vie et surtout des plaisirs charnels. Il y a d’ailleurs une certaine hypocrisie concernant la symbolique de la licorne puisqu’en plus de symboliser la chasteté et la pureté, sa corne quant à elle représenté clairement un symbole phallique.

Comme vous avez pu le voir aux titres de ces tapisseries, celles-ci représentent les cinq sens. Mais que représente alors la sixième partie ? Elle représenterait le sixième sens qui serait alors la raison.  La Dame à la licorne dit adieu à toute la superficialité que le monde lui offre, elle range même dans la dernière tenture ses bijoux dans un coffre. Cette lecture plait énormément à la vision hyper chrétienne de l’époque mais… Comme le dit si bien Nietzsche : « Le diable réside dans les détails ».

Ces tentures représenteraient en réalité un amour courtois comme l’on disait à l’époque. Elles auraient en plus été tissées à l’occasion des fiançailles d’Antoine Le Viste avec Jacqueline Raguier ce qui expliquerait cette phrase inscrite sur la sixième pièce du puzzle : «  A. Mon seul désir. J ». N’est-ce pas dans un sens un peu scandaleux pour l’époque ?

De plus, les tapisseries sont en réalité truffées de symboles érotiques. La Dame à la licorne se tiendrait en réalité dans une sorte de jardin d’amour entourée de fleurs. On y voit d’ailleurs à un moment un singe humé une rose, des petits lapins, des fruits cueillis … Tout est dans la subtilité. Le geste le plus flagrant pour moi reste tout de même dans la tenture du Toucher où l’on y voit la dame prendre la corne de la licorne dans sa main… Quand on sait ce qu’elle représente on est forcément obligé de relever cette ambiguité. Quant aux pans de la tente de la sixième tenture… On va dire que cette subtilité me fait énormément penser au Verrou de Fragonard. Ce dernier jouait énormément avec la décoration, les rideaux, les couvertures pour y faire des allusions sexuelles.

La Dame à la licorne, vers 1500

La Dame à la licorne est vraiment la star du Musée de Cluny. Œuvre clairement poétique, sans doute inspirée d’un poème de François Villon, elle reste aujourd’hui très mystérieuse et n’a clairement pas dévoilé tous ses secrets. Je ne sais pas pour vous mais de mon côté, elle a toujours eu tendance à me faire penser à la Joconde de Léonard de Vinci. Cette femme blonde, dans son jardin qui pourrait aussi rappeler d’ailleurs le jardin d’Eden respecte en tout cas très bien les codes du Moyen-Âge et en est je trouve une très bonne représentation du côté artistique.

Que pensez-vous de la Dame à la licorne et quelle lecture en feriez-vous ? Personnellement, j’y vois clairement un jeu d’amoureux… 😉


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