Linder Sterling est une artiste féministe contemporaine particulièrement engagée. A travers ses collages, elle tente de défaire l’image idéale de la femme tout en faisant une critique de la société et de la publicité.
Linder Sterling est une artiste contemporaine britannique née à Liverpool en 1954. Concernant sa vie et son enfance, on ne sait que très peu de choses sur elle. On sait tout de même que petite, elle était fascinée par la danse notamment par le ballet russe. Elle souhaitait énormément prendre des cours mais ses parents refusèrent n’y voyant pas forcément l’intérêt. Plus tard, elle passe souvent ses soirées dans un bar transformiste de Manchester. Elle s’y sent beaucoup plus à l’aise que dans les rues où tout le monde se juge sans cesse. Dans ce bar, tout le monde peut s’habiller comme il le souhaite sans jamais se faire remarquer.
L’artiste fait partie de toute la mouvance Punk de cette époque qui émerge alors en Angleterre à ce moment là. Tout au long de sa carrière, on ne cessera d’ailleurs de lui rappeler ses années punks et rebelles… Car oui, j’imagine qu’à l’époque, faire ce que Linder faisait devait être considéré comme sacrément rebelle et novateur !
C’est donc à partir des années 70 que Linder commence à se faire remarquer. Elle se fait connaître grâce à ses collages assez sulfureux mêlant magazines féminins et magazines pornographiques. L’artiste s’interroge sur l’image de la femme dans la société. Son but dans un sens est de montrer l’hypocrisie de cette dernière par rapport à la place donnée aux femmes. En fouillant dans les magazines féminins, en les décortiquant et de manière purement engagée et féministe, elle modifie volontairement l’image dite « idéale » de la femme. Elle met aussi en opposition de manière parfois très crue cette image de beauté idéalisée à l’image trash et violente de la pornographie.
Elle décide donc de montrer la femme comme un objet de pure consommation afin de dénoncer les violences dont son corps est sans cesse victime. Linder pointe du doigt aussi très ouvertement la publicité qui pour vendre n’importe quel produit n’hésitera pas à mettre en avant une femme dénudée sans aucune raison valable.
Dans ses collages, l’artiste joue avec le symbolisme. On retrouve énormément de pâtisseries, de toutes sortes de gourmandises symbolisant cette consommation. Elle considère que dans les magazines, les femmes sont représentées comme de simple bouts de viande. On retrouve aussi beaucoup de fleurs qui est le symbole ultime de féminité. Elles font aussi échos à la sensibilité des femmes, à leur fragilité et en même temps, elles représentent aussi leur sexualité. Le visage des femmes est parfois volontairement cachés afin de les déshumaniser et de les réduire à de simples objets de manière beaucoup plus directe. On retrouve aussi bien sûr, tout ce qui fait référence à la société de consommation : téléviseurs, réfrigérateurs, voitures…
En plus de critiquer la société de consommation et la publicité, l’artiste critique aussi ouvertement la pornographie qui ne cesse de mettre en scène des hommes se comportant de manière violente avec les femmes. Ces dernières se retrouvent réduites à des poupées de chiffon et encore une fois, à de simples objets de consommation… Linder regrette aussi que seule les femmes soient aussi érotisées et soumises dans les magazines et que les seuls hommes vraiment sexualisés soient des hommes gays comme si les hommes hétérosexuels n’étaient pas concernés.
L’artiste n’hésite pas à se mettre elle-même en scène afin de montrer cette ambiguïté de la société : celle de vouloir des femmes « biens sous tout rapport », des ladies, de bonnes ménagères, des mères de famille, des femmes de maison et de l’autre côté cette envie de les réduire seulement à des objets de désir pour les hommes. N’oubliez pas que la majorité de son travail prend forme dans les années 70, il y a donc 50 ans. Le statut de la femme était bien différent de ce qu’il est aujourd’hui.
Linder pointe aussi du doigt cette injonction faite au corps de la femme et à ce culte de la perfection qu’elle voit dans tous les magazines, que ce soit dans les magazines féminins que dans les magazines dits masculins. Elle tente de briser cette image idéale. Elle n’hésite pas à s’enduire elle-même de produits comestibles, à se déformer, tout cela dans le but de provoquer l’œil des spectateurs. Elle tente sans doute de faire en sorte que l’on s’interroge sur ce que l’on regarde réellement .
En plus des collages, Linder Sterling a fait plusieurs couvertures de disque. Elle a aussi fait différentes performances artistiques, s’est intéressée à la musique, à la vidéographie, à la mode mais aussi à la photographie. Là encore, son image est volontairement déformée.
Linder, artiste ouvertement féministe et engagée offre donc une critique de la société et de la publicité. Ses collages-punk inspirés des artistes dadaïstes ont fait d’elle une figure emblématique de la vie artistique de Manchester. Son avis bien tranché mais aussi son humour force ses spectateurs à regarder ces magazines d’une manière différente et surtout à nous poser des questions sur le monde et la place des femmes.
Pour la petite anecdote, son magazine préféré est un Playboy de 1968. C’est aussi elle qui inspirera Lady Gaga et sa fameuse robe en viande.
Que pensez-vous de Linder et de son travail ? Personnellement, je l’adore ! ❤ Je la connais depuis un bon moment maintenant, je l’avais découverte en 2013 lors d’une exposition au Musée d’Art Moderne de Paris. Je ne pense pas que grand monde la connaisse même si elle est mondialement connue dans le monde de l’art, c’est pour cela que j’ai voulu partager son travail ici !
N’hésitez pas à me donner votre avis en commentaire, à liker l’article et à vous abonner pour ne pas rater mes prochains articles !
Je connaissais d’elle l’image de couverture de l’article. Pour le reste, c’est une découverte intéressante. Tant dans la démarche que dans ses réalisations (je ne parle que de ce que je vois dans l’article)
Bravo !
J’aimeAimé par 1 personne
Oui c’est une artiste plutôt intéressante 😉
J’aimeJ’aime
Les choses commencent enfin à évoluer dans le bon sens mais il reste encore tant à faire pour atteindre cette égalité, pas seulement entre les femmes et les hommes mais entre toutes les personnes au monde. L’égalité totale des chances pour faire ce que l’on veut de sa vie, pour que ce soit nos actes et nos talents et pas ce que l’on est à la base qui détermine ce qu’on a la possibilité de faire ou pas. Rien n’est impossible, pas même de combattre la bêtise humaine et de créer un monde correct et juste. 🙂
J’aimeAimé par 1 personne